10.12.2003 - TPIR/MILITAIRES I - NTABAKUZE AURAIT APPELE AUX MASSACRES DE TUTSIS SUR INSTRUCTION &qu

Arusha, le 10 décembre 2003 (FH) - Un témoin à charge entendu mercredi par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a allégué que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze, aurait appelé à tuer les Tutsis en avril 1994 en exécutant "probablement" des ordres venus "D'en haut". Dénommé "BC" pour des raisons de sécurité, le trente-troisième témoin du parquet dans ce procès regroupant quatre hauts gradés des ex-Forces armées rwandaises (FAR) est un ancien membre du peloton Commando de recherches et D'appui en profondeur (CRAP) qui faisait partie du bataillon de reconnaissance.

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Selon BC, Ntabakuze aurait appelé à la mise à mort de tous les Tutsis dans la matinée du 7 avril 1994, au lendemain de l'attentat contre l'avion du président Juvénal Habyarimana.

BC a cependant concédé que cette information lui avait été rapportée par ses compagnons D'armes, expliquant qu'il était en faction à l'endroit où se trouvaient les débris de l'avion présidentiel au moment où cet appel était lancé.

"Ntabakuze ne pouvait pas avoir une telle idée sans avoir eu des instructions de la hiérarchie supérieure", a déclaré le témoin, soupçonnant que l'ordre serait venu de l'Etat-major de larmée.

BC a ensuite reconnu n'avoir pas été témoin des massacres qu'auraient commis des soldats du bataillon para-commando à la suite de cet appel, indiquant simplement quil a vu des cadavres sur les sites où des militaires avaient été déployés.

Le co-conseil canadien de Ntabakuze, Me André Tremblay, s'est étonné que le témoin BC s'appuie sur des informations de seconde main en formulant des accusations contre son client. "Je vous suggère, Monsieur le témoin, que de telles instructions de tuer les Tutsis n'ont jamais été données" a conclu Me Tremblay.

l'avocat principal de Ntabakuze, le professeur américain Peter Erlinder, avait D'abord tenté de faire écarter l'ensemble de la déposition de ce témoin, aux motifs qu'il se fonde sur l'ouï-dire.
La chambre a cependant autorisé la déposition, estimant quelle examinerait ultérieurement sa valeur probante.

La déposition de BC avait été interrompue à deux reprises, en raison de son état de santé.

Ntabakuze est co-accusé avec l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, et l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva. Ils répondent de divers chefs de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre. Ils plaident non coupable.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

Les débats se poursuivront jeudi avec la comparution D'un autre témoin à charge.

GA/AT/GF/FH (Ml'1210A)