03.12.2003 - TPIR/GOUVERNEMENT I - NZIRORERA AURAIT ADRESSE DES LOUANGES A KAJELIJELI

Arusha, le 3 décembre 2003 (FH) Un témoin du parquet dans le procès dit "Gouvernement I" regroupant quatre anciens dignitaires rwandais a déclaré mercredi que l'ancien secrétaire général du parti présidentiel, Joseph Nzirorera, un des accusés, aurait adressé des louanges à l'ancien maire de Mukingo (province Ruhengeri, nord du Rwanda), Juvénal Kajelijeli, condamné lundi dernier à la prison à vie pour génocide et crimes contre l'humanité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le quatrième témoin de l'accusation, dénommé GBV, pour des raisons de sécurité, a allégué que Nzirorera a fait ces louanges au cours de deux réunions tenues au stade de Ruhengeri avant 1994.

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Le témoin a affirmé avoir entendu Nzirorera déclarer que "si tous les maires travaillaient de la même manière que Kajelijeli, la préfecture de Ruhengeri pourrait se développer". Les entités administratives désignées alors par préfecture ont été rebaptisées provinces par le gouvernement actuel.

Le procureur affirme que Nzirorera et Kajelijeli se sont entendus pour commettre le génocide anti-tutsi à Mukingo et dans les communes environnantes.

Le témoin a indiqué qu'outre Nzirorera, Kajelijeli était soutenu par l'ancien préfet de Ruhengeri, et de surcroît beau-frère de l'ex-président Juvénal Habyarimana, Protais Zigiranyirazo, également détenu au TPIR. Le témoin GBV a allégué que Kajelijeli ne pouvait être traduit devant les tribunaux, "car il était soutenu par les autorités".

Selon GBV, au cours des réunions au stade de Ruhengeri, Nzirorera aurait conseillé à la population "D'être ferme dans la lutte contre l'ennemi, les Inyenzi, et D'être fidèles aux principes du MRND", le parti présidentiel. Inyenzi est un terme péjoratif employé à l'époque pour désigner les Tutsis.

Joseph Nzirorera est coaccusé avec deux autres responsables du MRND, Matthieu Ngirumpatse, le président, et Edouard Karemera, le vice-président, ainsi que l'ancien ministre de l'enseignement primaire et secondaire sous le gouvernement intérimaire, André Rwamakuba.

Ils répondent de sept chefs D'accusation de génocide et de crimes contre l'humanité et plaident non coupable.

Ouvert le 27 novembre dernier, le procès se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sénégalaise Andrésia Vaz et comprenant en outre la juge italienne Flavia Lattanzi et la juge camerounaise Florence Rita Arrey. La déposition de GBV se poursuit jeudi.

AT/SV/GF/FH (GVI'1203A)