21.11.2003 - TPIR/MILITAIRES I - LA DEFENSE DE BAGOSORA S’ATTAQUE A LA CREDIBILITE D’UN TEMOIN A CHA

Arusha, le 21 novembre 2003 (FH) – La défense de l’ancien directeur au ministère rwandais de la défense, le colonel Théoneste Bagosora a mis en doute la crédibilité d’un témoin du parquet vendredi devant le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le témoin « XXO » a été entendu jeudi et vendredi dans le procès dit « Militaires I » qui regroupe Bagosora et trois autres officiers supérieurs des ex-Forces armées rwandaises (ex- FAR ).

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Gendarme au moment des faits, le témoin a décrit les circonstances dans lesquelles les militaires avaient investi la résidence du premier ministre Agathe Uwilingiyimana dans la nuit du 6 avril 1994, avant de l’assassiner le lendemain. Il y était de garde à cette occasion.

Le conseil franco-martiniquais de Bagosora, Me Raphaël Constant, a réfuté les affirmations de XXO selon lesquelles « des militaires » auraient commencé a éliminer des membres de l’opposition la même nuit, durant les heures qui ont suivi l’attentat contre le président Habyarimana.

Citant l’ouvrage Rwanda.Trois jours qui ont fait basculer l’histoire, du professeur belge Filip Reyntjens, témoin expert du parquet dans cette affaire, l’avocat a soutenu que « l’auteur situe le début des assassinats de personnalités politiques le 7 avril à partir de six heures et demi du matin ».

Le témoin a aussi déclaré devant le parquet que Mme Uwilingiyimana avait refusé d’aller à la radio, ainsi que le lui aurait proposé un des casques bleus belges qui assuraient son escorte.

A ce sujet Me Constant a estimé que l’intention du premier ministre était bien de faire une déclaration sur les ondes de Radio Rwanda, faisant notamment allusion aux dépositions des témoins de l’accusation ayant précédé XXO.

La défense trouve enfin étrange que le témoin ait vécu l’attaque contre la résidence de Mme Uwilingiyimana sans être en mesure de décrire la phase ultime de son assassinat.

Bagosora est notamment poursuivi pour cet assassinat. Le parquet allègue qu'à partir de la nuit du 6 avril, il a pris « de facto » le contrôle des affaires politiques et militaires du pays en s’imposant comme l’homme de la situation à même de gérer la crise.

L’accusé aurait été informé que le premier ministre et son escorte étaient en danger de mort mais n’aurait rien fait pour les secourir, selon l’ accusation.

Considéré comme le « cerveau du génocide », Bagosora est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.

Ils sont notamment accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’ humanité. Tous plaident non coupable.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

Les débats reprendront lundi prochain avec la comparution d’un nouveau témoin à charge.

GA/CE/FH (ML’1121A)