20.11.2003 - TPIR/MILITAIRES I - UN TEMOIN AURAIT TENTE DE SAUVER LA VIE DE MME UWILINDIYIMANA

Arusha, le 20 novembre 2003 (FH) - Un témoin du parquet entendu par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a affirmé qu’il avait essayé de cacher le premier ministre Mme Agathe Uwilingiyimana dans la nuit du 6 avril 1994, à la suite de l’attentat contre le président Juvénal Habyarimana qui a déclenché le génocide anti-Tutsi. Le 29è témoin de l’accusation répondant au nom de code « XXO » a déclaré qu’ il était alors à la tête d’un détachement de gendarmes qui assuraient la garde de la résidence du premier ministre.

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L’ex-gendarme comparaît dans le procès de quatre hauts officiers des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR) poursuivis notamment pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité devant le TPIR.

« Je suis allé voir le premier ministre pour lui dire de quitter [sa résidence] avant que les routes ne soient barrées », a-t-il rapporté, ajoutant que l’intention des gendarmes était de l’évacuer jusqu’au siège de la MINUAR (Mission des Nations Unies pour le Rwanda).

Au cours de la même nuit, des militaires de la Garde Présidentielle (GP) en patrouille auraient érigé des barrages routiers aux alentours de la résidence de Mme Uwilingiyimana, compliquant ainsi toute tentative d’ évacuation, selon XXO.

Il a déclaré avoir à cette occasion aperçu au milieu de la route un véhicule blindé du bataillon de reconnaissance.

En dépit de l’avancée des militaires, les gendarmes seraient parvenus à déplacer le premier ministre « dans une maison de derrière, à travers une brèche ».

Poursuivant son récit des faits, le témoin a indiqué qu’il avait lui-même été capturé par des militaires, qui auraient ensuite débusqué Mme Uwilingiyimana de sa cachette, après avoir blessé un de ses domestiques.

Le premier ministre a été assassinée dans la matinée du 7 avril, alors que des Casques bleus belges avaient été dépêchés sur place pour assurer son escorte. Ces derniers, dix au total, ont été assassinés le même jour.

XXO a concédé qu’il n’a pas été témoin oculaire de ces assassinats, mais qu’ il a simplement entendu des coups de feu en retournant au camp de la gendarmerie à Kicukiro non loin du centre ville.

L’ancien directeur de cabinet au ministère rwandais de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, un des accusés dans ce procès considéré par le parquet comme le « cerveau du génocide », est notamment poursuivi pour ces assassinats.

Il est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.

Ils plaident tous non coupable.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

La défense de Bagosora a déjà entamé le contre-interrogatoire de XXO qui se poursuit vendredi.

GA/CE/FH (ML’1120A)