04.11.2003 - TPIR/NDINDABAHIZI - NDINDABAHIZI ADHERAIT A LA POLITIQUE DU GOUVERNEMENT INTERIMAIRE, S

Arusha, le 4 novembre 2003 (FH) - l'ancien ministre rwandais des finances, Emmanuel Ndindabahizi, adhérait à la politique du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide anti-tutsi de 1994, a soutenu le procureur mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Emmanuel Ndindabahizi, 53 ans, répond de trois chefs D'accusation de génocide et de crimes contre l'humanité portant sur des massacres de Tutsis dans sa région natale de Kibuye (ouest du Rwanda).

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Il plaide non coupable.

Le procureur contre-interrogeait le treizième témoin de la défense dans ce procès ouvert le 1er septembre dernier.

Le témoin est un ancien responsable local à Kibuye, lui-même détenu au Rwanda pour génocide.

Le substitut tanzanien du procureur Wallace Kapaya s'est notamment basé sur des déclarations attribuées à l'accusé au cours D'une réunion publique tenue à Kibuye en mai 1994, sous la direction du premier ministre Jean Kambanda, à laquelle a également participé le témoin.

En 1998, Jean Kambanda a été condamné à l'emprisonnement à vie par le TPIR après avoir plaidé coupable de génocide et de crimes contre l'humanité.

Selon Wallace Kapaya, Emmanuel Ndindabahizi aurait indiqué que sa formation politique, le Parti social démocrate (PSD), était, par le passé, pro-FPR (Front patriotique rwandais, ancienne rébellion à dominante tutsie actuellement au pouvoir à Kigali) "et que maintenant, il appuie le gouvernement intérimaire".

Le témoin a expliqué qu'il était impossible, à l'époque, de critiquer le gouvernement, au risque de mettre sa vie en danger.

Le témoin a cependant indiqué que Ndindabahizi n'a pas participé aux tueries ni présenté des massacres de civils tutsis à Kibuye sous un jour favorable

Le témoin a ajouté qu'un membre du PSD, fût-il ministre, était vu D'un mauvais oeil par ses collègues de l'ancien parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND).Par conséquent, il ne pouvait pas condamner ouvertement les massacres, a-t-il dit. "Parler ouvertement contre ça, personne n'ose", a déclaré le témoin.

Le procureur allègue qu'Emmanuel Ndindabahizi a été ministre dans un gouvernement dont la politique "consistait notoirement, entre autres actes, à armer et encourager la formation de milices civiles, à dresser des barrages routiers afin dendiguer les déplacements des réfugiés tutsis dans le pays et à désigner le Tutsi comme l'ennemi et à le prendre pour cible comme tel." Il lui est notamment reproché de ne pas s'être désolidarisé de ce gouvernement.

Entamée lundi, la déposition du treizième témoin de la défense a été clôturée mardi. Ayant exprimé des craintes pour sa sécurité, le témoin suivant sera entendu à huis clos. Emmanuel Ndindabahizi est défendu par deux avocats français: Me Pascal Besnier et Me Guillaume Marçais.

Les débats se déroulent devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté de l'Ougandaise Solomy Balongi Bossa et de la Pakistanaise Khalida Rachid Khan. Le procès se poursuit mercredi.

AT/GF/FH (NB'1104A)