03.11.2003 - TPIR/MILITAIRES I - DES MILITAIRES AURAIENT PARTICIPE AU MASSACRE DE REFUGIES DANS UNE

Arusha, le 3 novembre 2003 (FH) – A la reprise du procès de quatre hauts officiers des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR) lundi devant le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), un témoin du parquet a affirmé que « des militaires » avaient pris part au massacre des réfugiés le 13 avril 1994. Désigné par le nom de code « FW » pour cacher son identité, le vingt-et-unième témoin de l’accusation répondait aux questions de la représentante suédoise du procureur, Christine Graham.

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Il a indiqué que quelque 500 personnes, dont lui-même, avaient cherché refuge au centre islamique de la ‘Mosqué Kadhaffi’, situé dans le quartier Nyamirambo, fuyant l’insécurité qui prévalait à Kigali.

Des militaires, accompagnés de miliciens, auraient ordonné à ces derniers de faire sortir les ‘Inyenzi’ (terme péjoratif désignant les Tutsis). « Nous allons les tuer, soyez vigilants, que personne ne vous échappe », auraient déclaré les soldats, habillés en tenue de camouflage et portant des bérets noirs, selon FW.

Le témoin a allégué que les assaillants avaient commencé à tuer les Tutsis près du centre islamique, et qu’il avait lui-même trouvé le corps d’un certain Abdul Kheir « dans un caniveau » au lendemain de ce massacre. « Je suis resté au centre pendant deux mois, vivant d’eau », a affirmé FW.

Poursuivant le déroulement des faits, FW a rapporté que l’ancien directeur de cabinet au ministère rwandais de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, un des accusés dans ce procès, était arrivé à la mosquée en mai 1994.

L’accusé serait venu « à bord d’une camionnette blanche, escortée par un camion militaire ». Il aurait déclaré que « on devait bien garder cet endroit et que les civils ne devaient pas y circuler ».

Le parquet allègue que "dans les heures qui ont suivi la chute de l'avion présidentiel, les militaires et les miliciens ont...commencé à massacrer les Tutsis et les membres de l'opposition Hutu à Kigali et dans D'autres régions
du Rwanda".

Les officiers supérieurs avaient autorité sur l'ensemble des hommes de troupe, y compris ceux qui n'appartenaient pas à leurs unités, selon l’accusation.

Considéré par le parquet comme le « cerveau du génocide », Bagosora est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva.

Ce procès dit "Militaires I" se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

Le juge Reddy est absent depuis plusieurs jours pour des raisons familiales. Les débats ont cependant pu reprendre en vertu de l’article 15 bis qui dispose que deux juges peuvent siéger en l’absence d’un de leur pair pour un délai ne dépassant pas cinq jours.

Le juge Mose a informé les parties qu’un enregistrement vidéo des audiences sera disponible pour le juge absent « comme c’est l’usage au tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie (TPIY)».

Les débats se poursuivent mardi avec le contre-interrogatoire de FW.

GA/CE/GF/FH (ML’1103A)