30.10.2003 - TPIR/NDINDABAHIZI - UN CONDAMNE A LA PRISON A VIE TEMOIGNE EN FAVEUR DE L’EX-MINISTRE

Arusha 30 octobre 2003 (FH) – Un témoin condamné à la prison à vie pour génocide a déposé jeudi après-midi en faveur de l'ancien ministre rwandais des finances, Emmanuel Ndindabahizi, en jugement devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). l'ex-ministre, 53 ans, répond de trois chefs D'accusation de génocide et de crimes contre l'humanité portant sur des massacres de Tutsis dans sa province natale de Kibuye (ouest du Rwanda).

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Dénommé DC préserver son anonymat, le neuvième témoin à décharge a avoué devant la justice rwandaise sa participation aux massacres de Tutsis en 1994.

« Je n’ai pas vu Ndindabahizi pendant toute cette période (du génocide) ; je n’ai pas non plus entendu prononcer son nom », a déclaré le témoin soulignant avoir tué des gens en divers endroits dans différentes communes de Kibuye.

Le repenti n’aurait, de sa vie, vu Ndindabahizi, qu’une fois en 1991 ou 1992, selon sa déposition.

« Nous étions au courant de chaque passage de véhicule », souligné le condamné qui répondait à l’avocat principal de l’ex-ministre, le Français Me Pascal Besnier.

Selon le parquet, l’accusé se serait rendu à plusieurs reprises dans la province de Kibuye dont il est originaire pour distribuer des machettes et organiser les massacres de Tutsis.

Le témoin a soutenu que « lors des gacaca organisés à la prison de Kibuye, le nom d’Emmanuel Ndindabahizi n’a jamais été évoqué ».

Dans les centres de détention du Rwanda, les accusés originaires d’un même endroit ont tenu, bien avant le début des juridictions semi- traditionnelles « gacaca », des réunions destinées à reconstituer le déroulement du génocide, notamment en dénonçant les coupables.

Mettant en doute la crédibilité de la déposition, le substitut nigérian du procureur, Charles Adeogun- Phillips a notamment suggéré au témoin qu’il aurait été détenu à Kibuye en compagnie d’un frère de l’accusé. Le condamné a répondu qu’il ne se rappelait pas avoir été compagnon de geôle d’un frère de l’ex-ministre.

Le témoin suivant, DM, est, lui aussi, passé aux aveux devant la justice rwandaise. Mais, contrairement au précédent, il attend l’ouverture de son procès. Selon lui, l’accusé a tenté en juin 1994 d’arrêter les auteurs de massacres. Sa déposition se poursuit vendredi.

La défense d’Emmanuel Ndindabahizi doit encore citer 10 témoins.

Les débats se déroulent devant la première chambre de première instance du TPIR, dirigée par le juge norvégien Erik Mose, également président du tribunal. Il est assisté de l’Ougandaise Salomy Balongi Bossa et de la Pakistanaise Khalida Rachid Khan.

ER/CE/GF/FH (NB’10 30’A)