29.09.2003 - TPIR/NDINDABAHIZI - LE PROCUREUR A CITE SON DERNIER TEMOIN

Arusha, le 29 septembre 2003 (FH) - Le procureur a cité son dernier témoin lundi soir dans le procès de l'ancien ministre des finances sous le gouvernement intérimaire, Emmanuel Ndidabahizi, poursuivi pour génocide et crimes contre l'humanité devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Dénommé "CGC" pour protéger son anonymat, le quinzième témoin du parquet est issu D'un père tutsi et D'une mère hutue.

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Il est lui même accusé de génocide au Rwanda.

Comme des témoins précédents, M.CGC a allégué qu'Emmanuel Ndindabahizi a distribué des machettes à des miliciens qui tenaient un barrage routier dans sa commune natale de Gitesi (province Kibuye, ouest du Rwanda).

"Ces machettes étaient destinées à tuer. Elles n'avaient pas D'autre utilité à cet endroit", a indiqué le témoin.

CGC a expliqué qu'aux barrages, les gens "ne faisaient rien D'autre, si ce n'est de faire en sorte que les Tutsis qui étaient considérés comme des ennemis ne puissent pas s'échapper.".

Selon CGC, l'accusé avait D'abord "posé la question de savoir pourquoi ils laissaient les Tutsis partir sans les tuer".

Avant de partir, Emmanuel Ndindabahizi aurait octroyé de l'argent à ces gens-là.

Le témoin a cependant déclaré ignorer la raison pour laquelle l'accusé a donné cet argent.

Le témoin a situé l'incident autour du 20 mai 1994.

M.CGC, qui était âgé de 17 ans au moment des faits, a affirmé qu'il avait été conduit à la barrière par des habitants qui avaient l'intention de le tuer. Il aurait eu la vie sauve grâce à l'intervention de son oncle maternel. Celui-ci était une personne influente dans la communauté, a dit le témoin.

l'avocat français D'Emmanuel Ndindabahizi, Me Pascal Besnier, a suggéré qu'il est étrange que des miliciens n'aient pas montré à l'ancien ministre leur "nouvelle découverte" qu'était le témoin et qu'en plus ils n'aient pas voulu le tuer "aux yeux D'Emmanuel Ndindabahizi".

Le témoin a encore une fois allégué ses liens de parenté.

M.CGC a indiqué que les crimes qui lui sont reprochés ont été commis après le passage de Ndindabahizi dans cette localité.

Le témoin a signalé que son dossier judiciaire est entre les mains du parquet au Rwanda.

Emmanuel Ndindabahizi comparaît devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté de la Pakistanaise Khalida Rachid Khan et de l'Ougandaise Solomy Balungi Bossa.

Mardi soir, les parties tiendront une conférence préalable à la présentation des moyens à décharge.

Le procureur n'a pas formellement clôturé sa preuve, en attendant que la défense se prononce sur un document qu'il a demandé de produire.

"Ce ne serait pas possible de le produire après la clôture de la preuve" a estimé en substance le Nigérian Charles Adeogun-Phillips, qui dirige l'équipe de la poursuite dans cette affaire.

Le procès a commencé le 1er septembre.

AT/KN/GF/FH (Ml'0923A)