Lors de son témoignage direct devant le parquet, XAI avait allégué que dans la nuit du 6 avril 1994, juste après l'attentat contre le président Habyarimana, Ntabakuze avait appelé ses troupes à commettre des massacres. l'accusé aurait affirmé que "le président ne devait pas mourir comme un chien", qu'il fallait agir en tuant les Tutsis.
XAI a affirmé avoir été témoin du discours tenu par l'accusé à cette occasion. Or, le témoin avait déclaré en répondant aux questions du procureur que durant cette période, il avait été grièvement blessé et confiné sur un lit D'hôpital.
"Trouvez-vous normal qu'un soldat gravement malade participe à un rassemblement D'une unité complètement opérationnelle"?, s'est enquis Me Tremblay. l'avocat a ensuite sommé le témoin de préciser dans quel peloton il devait s'aligner dans son état D'invalide de guerre.
"Je n'appartenais à aucun peloton, J'y suis allé en tant que curieux", a rétorqué XAI. "Je doute sérieusement de sa présence à Kanombe", a soutenu Me Tremblay. Il a par ailleurs fait valoir que son client n'avait pas la charge de tout le camp mais D'un bataillon, et qu'à ce titre, il ne pouvait pas convoquer un rassemblement militaire.
La défense a en outre interrogé XAI sur le fonctionnement administratif et médical du camp Kanombe, ainsi que sur les unités et les bataillons qui le composaient. Il est apparu dans ses réponses que le témoin ne connaissait pas la plupart des commandants des différents bataillons de ce camp.
Me Tremblay a procédé au contre-interrogatoire de XAI en l'absence du conseil principal, le Professeur américain Peter Erlinder, qui a quitté Arusha mardi soir. Me Erlinder avait sollicité le report de toutes les déposions mettant en cause son client jusqu'à son retour, mais il a été débouté par la chambre.
Ntabakuze est co-accusé avec l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, considéré par le parquet comme "cerveau du génocide", l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, ainsi que l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva.
Ils répondent, entre autres accusations, D'entente en vue de commettre le génocide, et de crimes de guerre. Tous plaident non coupable.
Le procès dit "Militaires I" se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Aleckseievich et fidjien Jai Ram Reddy.
Me Tremblay a indiqué qu'il lui restait environ une heure, qu'il utilisera vendredi, pour achever le contre-interrogatoire de XAI.
GA/CE/GF/FH (Ml'0911A)