03.09.2003 - TPIR/NDINDABAHIZI - l'EX- MINISTRE AURAIT DONNE l'ORDRE DE TUER DES TUTSIS DANS SA REGI

Arusha, le 3 septembre 2003 (FH) - Un témoin de l'accusation a affirmé que l'ancien ministre des finances, Emmanuel Ndindabahizi, aurait donné l'ordre de tuer des Tutsis dans sa province natale de Kibuye (ouest du Rwanda) en 1994, lors de sa déposition mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Poursuivi pour génocide et crimes contre l'humanité, Emmanuel Ndindabahizi, 53 ans, est en procès depuis lundi dernier devant la première chambre de première instance du TPIR.

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Le quatrième témoin à charge est une femme tutsie originaire de la même colline que l'accusé. Agée de 16 ans en 1994, le témoin a indiqué que sa mère a été tuée pendant le génocide.

Selon sa déposition, Emmanuel Ndindabahizi aurait distribué des machettes au lieu-dit Faye, dans sa commune natale de Gitesi, en province de Kibuye et "ordonné de tuer tous les Tutsis".

Le témoin a affirmé que l'accusé était arrivé à Faye fin mai 1994 et aurait encouragé les habitants à tuer des femmes tutsies mariées à des Hutus ainsi que leurs enfants qu'ils avaient jusque-là épargnés.

l'accusé était escorté par deux individus armés, a ajouté le témoin, qui l'aurait observé à partir de sa cachette, "à cinq mètres" de là.

"Ne craigniez- vous pas D'être découverte alors que vous étiez en danger de mort?, a demandé l'avocat français Me Guillaume Marçais, co-conseil D'Emmanuel Ndindabahizi, mettant en doute la crédibilité du témoignage.

Le témoin a répondu que sa cachette se trouvait dans un boisement D'eucalyptus au dessus D'un talus.

Me Marçais s'est également montré sceptique étant donné que le témoin a attendu jusqu'en 2001 "pour évoquer pour la première fois des faits aussi graves" devant des enquêteurs du parquet du TPIR. Il a rétorqué qu'auparavant personne ne l'avait contacté.

Les débats ont été suspendus mercredi soir, en attendant l'arrivée D'autres témoins à charge. Ils reprendront lundi prochain.

Dans la matinée, un autre procès, celui de quatre hauts gradés des ex-Forces armées rwandaises (FAR), avait été également suspendu pour vingt-quatre heures, pour les mêmes raisons.

Le procès Ndindabahizi se déroule devant la chambre présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté de la Pakistanaise Khalida Rachid Khan et de l'Ougandaise Solomy Balungi Bossa.

ER/AT/GF/FH(NB'0903A)