15.07.2003 - TPIR/MILITAIRES I - LA CHAMBRE MET EN GARDE UN TEMOIN A CHARGE

Arusha, le 15 juillet 2003 (FH) - Les juges de la première chambre de première instance du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ont averti un témoin de l'accusation qui tentait D'esquiver les questions de la défense mardi dans le procès de quatre hauts officiers des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR). Le témoin "XBM" répondait en contre-interrogatoire aux questions de l'avocat franco-martiniquais, Me Raphaël Constant, qui défend les intérêts de l'ancien directeur de cabinet au ministère rwandais de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, un des accusés dans ce procès.

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Au cours de l'interrogatoire principal lundi, le témoin a allégué que Bagosora avait envoyé des Interahamwe en renfort à partir de Kigali pour commettre des massacre de Tutsis à Gisenyi (Ouest du Rwanda) fin avril 1994, au diocèse de Nyundo.

l'accusé se serait ensuite rendu dans cette région le 24 mai "pour féliciter les Interahamwe" du travail accompli et leur offrir une forte somme D'argent.

Me Constant lui a demandé de donner le nom de certaines personnes présentes lors de cette rencontre du 24 mai. Mais XBM a refusé de révéler, même par écrit, leur l'identité, "pour des raisons de sécurité".

"Je vais donner les noms aux juges, pas au conseil de la défense car il a des desseins cachés", a-t-il observé.

"Nous considérons que le témoin n'a jamais donné ces informations…Je vais être plus ferme avec vous, vous semblez ignorer le rôle de la défense", a relevé le juge norvégien Erik Mose qui préside les débats.

"Cessez ces imputations selon lesquelles la défense aurait des intentions cachées; je vous invite à répondre aux questions qui vous sont posées", a ordonné le juge président.

Le témoin a cependant récidivé quelques instants après. Il s'agissait alors pour XBM de livrer l'identité de quelques-unes des victimes de l'Université de Mudende (Gisenyi), tuées, D'après lui, après le 6 avril 1994.

"Ces gens sont morts, je ne peux pas évoquer des fantômes", a-t-il avoué.

Le témoin avait allégué qu'une attaque dirigée à cet endroit par l'ancien commandant de cette région, le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, avait fait plus de 2000 morts.

Lundi, le juge Mose avait à plusieurs reprises formulé les mêmes remarques à l'endroit de XBM, après qu'il eut refusé D'éclairer la chambre sur les questions posées par la défense.

Bagosora et Nsengiyumva sont co-accusés avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.

Le juge Mose est assisté, dans ce procès dit "Militaires I", par les juges russe Serguei Aleckseievich Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

Les débats ont été ajournés à mercredi après-midi. Le parquet va citer son onzième témoin, "OQ", le dernier de cette session qui avait repris le 26 juin dernier.

GA/CE/GF/FH (Ml'0715A)