09.07.2003 - TPIR/MILITAIRES I - LA DEFENSE REJETE LES ALLEGATIONS D'ATTAQUE D’UNE EGLISE

Arusha, le 9 juillet 2003 (FH) - La défense de l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, a rejeté mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) les allégations D'un témoin à charge selon lesquelles l'accusé aurait dirigé une attaque contre une église durant le génocide de 1994. Désigné par les lettres "XBG", le neuvième témoin du parquet a allégué que fin mai 1994, Nsengiyumva a conduit une attaque des Interahamwe contre des centaines de Tutsis réfugiés à l'église de Busasamana, commune Rwerere (préfecture Gisenyi), où "180 à 200" D'entre eux ont trouvé la mort.

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Le conseil Kenyan de Nsengiyumva, Me Kennedy Ogetto a D'abord relevé en contre-interrogatoire que le témoin n'a pas été témoin oculaire de cette attaque, lui-même ayant affirmé qu'à ce moment là, il était occupé à piller la demeure D'un prêtre.

Me Ogetto a en outre demandé à XBG D'expliquer comment il en est arrivé à l'estimation de "180 à 200" tués, alors qu'il avait affirmé lors de l’interrogatoire principal qu'il n'avait vu ni compté les cadavres, étant donné que la chapelle où les victimes avaient été massacrées était fermée .

"Je tiens compte de la dimension de la chapelle car J'allais y prier", a rétorqué le témoin, ajoutant que la salle était pleine de corps. "Et les gens qui ont commis ces actes nous en ont parlé", a-t-il ajouté, en guise de clarification.

"Je vous suggère, témoin, que cette épisode de Busasamana ne s'est jamais produit, et c'est pour cela que vous n'avez jamais mentionné ces événements devant le parquet rwandais", a soutenu Me Ogetto.

XBG a été relaxé D'une des prisons du Rwanda à la suite D'un décret présidentiel en janvier dernier. Il a plaidé coupable de génocide en 1999 après avoir été incarcéré depuis 1995.

Le témoin ayant essentiellement témoigné contre Nsengiyumva, les autres avocats l'ont en grande partie contre-interrogé sur son arrestation et sa détention au Rwanda.

Nsengiyumva est co-accusé avec l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.

Le procès des "Militaires I" se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Aleckseievich Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

Le contre-interrogatoire de XBG s’est achevé mercredi. Les débats ont été ajournés à lundi prochain, les parties ayant demandé plus de temps de préparer le témoin suivant "XBM", le seul actuellement disponible à Arusha.

Cette session devait initialement aller jusqu'au 18 juillet, mais cette prévision reste hypothétique, en raison des difficultés à faire voyager des témoins à charge en provenance du Rwanda.

GA/CE/GF/FH (Ml'0709A)