01.07.2003 - TPIR/MILITAIRES I - NSENGIYUMVA AURAIT CREE 'l'ESCADRON DE LA MORT', SELON UN TEMOIN

Arusha, le 1er juillet 2003 (FH) - Un témoin du parquet a allégué mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) que l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva avait mis sur pied un groupe de tueurs connu sous l'appellation 'Escadron de la Mort' avant le génocide de 1994. Septième témoin de l'accusation, le témoin "DO", ainsi dénommé pour cacher son identité, a fait cette affirmation lors du contre-interrogatoire mené par l'avocat kenyan de Nsengiyumva, Me Kennedy Ogetto.

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"Les malheurs qui ont frappé la population de Gisenyi [durant le génocide] viennent en grande partie de ce groupe que Nsengiyumva a créé en collaboration avec le capitaine Bizumuremyi", a déclaré en substance DO.

Le témoin n'a cependant pu donner la date exacte à laquelle le groupe en question a vu le jour, indiquant simplement l'avoir trouvé sur place à son arrivée dans la région en 1992.

"Quand je suis arrivé à Gisenyi, 'l'Escadron de la Mort' existait déjà et ses membres circulaient en ville. Le groupe se comportait comme une milice militaire", a-t-il dit, expliquant néanmoins avoir reçu cette information D'un responsable des Interahamwe dénommé Mabuye. Ce dernier se qualifiait comme commandant de 'l'Escadron de la Mort', a ajouté le témoin.

DO purge une peine de prison à vie dans un des quartiers pénitenciers du Rwanda. Il a plaidé coupable de génocide en 1998 devant les autorités judiciaires de ce pays. Le témoin a confessé que durant les massacres du 7 avril 1994, il conduisait des groupes D'Interahamwe à Gisenyi, sur ordre de Nsengiyumva et de Bizumuremyi.

Le témoin a en outre affirmé que la plupart des Interahamwe qu'il conduisait à travers Gisenyi depuis le déclenchement des massacres en avril 1994 faisaient partie de 'l'Escadron de la Mort'. D'après DO, ces milices avaient été armées par Nsengiyumva.

Nsengiyumva est co-accusé avec l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, considéré par le parquet comme "cerveau du génocide", l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, ainsi que l'ancien commandant du bataillon paracommando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.

Accusés notamment D'entente en vue de commettre le génocide et de crimes de guerre, les quatre officiers plaident non coupable.

Le témoin a en outre minimisé les contradictions de temps et de lieux allégués relevées par Me Ogetto, qualifiant ces erreurs de "inévitables, dix ans après les événements".

Prenant le relais de son confrère, le co-conseil de Bagosora, le Canadien Me Paul Skolnik a relevé que "l'accusé n'a jamais fait état de 'l'Escadron de la Mort' dans aucune de ses déclarations écrites".

Le procès dit "Militaires I" se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, assisté des juges russe Serguei Aleckseievich Egorov et fidjien Jai Ram Reddy.

La défense poursuivra le contre-interrogatoire de DO mercredi.

GA/CE/GF/FH (Ml'0701A)