17.06.2003 - TPIR/MILITAIRES 1 - LA DEFENSE INVITEE A ECOURTER LE CONTRE-INTERROGATOIRE DE RUGGIU

Arusha, le 17 juin 2003 (FH) - La première chambre du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a invité mardi la défense à ne pas s'attarder sur le contre-interrogatoire D'un témoin à charge qui dépose depuis lundi dans le procès de quatre hauts officiers des ex-Forces armées rwandaises (ex-FAR). En donnant cette directive, Erik Mose, le juge président, a relevé que le journaliste Italo-Belge, Georges Ruggiu, n'avait pas vraiment éclairé la chambre sur les faits allégués par le parquet contre les accusés.

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Ancien animateur-présentateur de la Radio Télévision Libre des Milles collines (RTLM), condamné en juin 2000 à 12 ans de prison par le TPIR pour incitation au génocide, Ruggiu a déjà déposé dans l'affaire des médias.

"Nous avons constaté que le témoin a très peu mentionné les accusés", a fait remarquer le juge norvégien, suggérant à la défense de "tenir compte de cela pendant le contre-interrogatoire.

La défense a alors poursuivi le contre-interrogatoire, entamé brièvement lundi, en relevant les contradictions du témoin par rapport à ses déclarations antérieures, en vue de mettre en doute sa crédibilité.

Le procès dit "Militaires I" concerne l'ancien directeur de cabinet au ministère rwandais de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, considéré
comme le "cerveau" du génocide, l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien
Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien
commandant du bataillon para-commando de Kanombe (Kigali), le major Aloys Ntabakuze.

Ils sont notamment accusés D'entente en vue de commettre le génocide et de crimes de guerre. Ils plaident non coupable.

Lors de sa déposition, Ruggiu a affirmé qu'après le déclenchement du génocide le 6 avril 1994, les barrages routiers étaient tenus soit par des Interahamwe, soit par des militaires, mais pas les deux groupes combinés.

l'avocat franco-togolais de Kabiligi, Me Jean Yaovi Degli, a démontré, en citant un passage du plaidoyer de culpabilité du témoin, que ce dernier affirme qu'Interahamwe et militaires pouvaient se retrouver sur une même barrière. "Ce passage ne reflète pas mon point de vue", a protesté Ruggiu.

Me Degli a ensuite mis au défi le témoin, qui prétend avoir vu son client aux environs du 14 avril 1994 alors que ce dernier était en Egypte. "Je sais que je l'ai vu entre le 14 et le 17 avril et je ne change pas ma position", a insisté le témoin, expliquant Kabiligi était descendu D'hélicoptère sur un terrain de football près du mess des Officiers à Kigali.

"Je ne savais pas que c'était lui, qu'il était général, mais on m'a expliqué que c'était le G3 (chef des opérations militaires)", a rectifié le témoin.

Les autres conseils de la défense ont posé des questions générales en rapport avec la profession du témoin par rapport aux événements de 1994, ainsi que son livre inédit 'Dans la Tourmente Rwandaise (avril 1995). Ruggiu, contre-interrogé par Me Degli, a reconnu que son ouvrage comportait des passages mensongers écrits, selon lui, dans le but de se défendre.

Le procès des "Militaires I" se déroule devant la première chambre comprenant outre le juge Mose, les juges russe Serguei Aleckseievich et fidjien Jai Ram Reddy.

Ruggiu ayant clôturé sa déposition, le parquet citera mercredi Omar Serushago comme quatrième témoin à charge. Ce dernier a été condamné par le TPIR à 15 ans de prison après avoir plaidé coupable de génocide en 1999.

GA/CE/FH (Ml'0617A)