31.03.2003 - TPIR/MEDIAS - NGEZE AFFIRME AVOIR SAUVE 1000 TUTSIS PENDANT LE GENOCIDE

Arusha, le 31mars 2003 (FH) - Hassan Ngeze, un des trois Rwandais poursuivis pour utilisation des médias à des fins de génocide, a déclaré avoir sauvé un millier de Tutsis entre avril et juin 1994, lors de son témoignage, lundi, devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Ancien directeur et rédacteur en chef de la revue taxée D'extrémisme anti-tutsi Kangura, Hassan Ngeze, 46 ans, dépose depuis une semaine pour sa propre cause.

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"J'ai aidé mille Tutsis. J'ai été arrêté huit fois pour cela", a affirmé Hassan Ngeze, en répondant à une question D'un juge. l'accusé a indiqué qu'il a aidé les Tutsis à se mettre à l'abri dans divers endroits de la ville de Kigali, notamment à l'hôtel des Mille collines, à l'Eglise Sainte Famille et dans des locaux de l'ONU ou en les évacuant à l'étranger.

Hassan Ngeze a rapporté qu'il avait "formé" autour de six personnes pour l'aider à transporter des Tutsis menacés à Goma, dans l'ex-Zaïre. Des témoins de la défense ont déclaré que Ngeze les avait dissimulés dans des fûts et conduits à Goma en prétendant qu'il allait acheter de l'essence.

"Beaucoup D'accusés viendront vous dire qu'ils n'ont pas participé aux massacres, mais personne ne vous dira comment il a sauvé des gens[…] Moi je suis quelqu'un qui a sauvé des Tutsis", a-t-il poursuivi. "Je recevrais la reconnaissance de l'histoire", a-t-il dit.

Hassan Ngeze est coaccusé avec deux responsables présumés de la Radio-télévision libre des Miille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana et Jean-Bosco Barayagwiza. Ils plaident non coupables.

Nouvelles allégations de menaces contre des témoins
En début de l'audience lundi matin, l'avocat canadien Me René Martel, co-conseil de Hassan Ngeze, a fait part à la chambre de menaces qu'auraient subies récemment trois témoins de la défense et a demandé une enquête à ce sujet. Le 15 mars dernier, Me Martel avait formulé une plainte analogue et le Tribunal avait ordonné une enquête pour un incident impliquant quatre témoins.

Me Martel a indiqué qu'il avait été informé par e-mail que trois des témoins attendus à la barre au mois de mai "ont été intimidés à l'arme à feu" dans leurs pays de résidence.

"Je ne sais pas où se trouve la fuite. Mais il y a une fuite. Nous demandons une enquête, non pas une enquête sur papier, mais une enquête faite par un policier professionnel", a plaidé l'avocat.

Me Martel a mis en cause un membre du bureau du procureur, la Kenyane Charity Kagwi-Ndungu, en raison des visites qu'elle effectuerait régulièrement auprès D'Omar Serushago, un ancien chef milicien condamné par le TPIR, devenu informateur du parquet.

La juriste kenyane a rejeté ces allégations et a demandé à Me Martel D'attendre les conclusions de l'enquête ordonnée par la chambre.

Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud.-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

La déposition de Hassan Ngeze se poursuit mardi. La chambre lui avait donné jusqu'à lundi pour terminer son témoignage direct. Lundi soir, Me Martel a indiqué que "visiblement M.Ngeze n'a pas terminé la présentation de sa cause" et a appuyé la requête de l'accusé en vue de disposer de trois jours supplémentaires.

"C'est mon procès, il faut qu'on me donne du temps", a déclaré Ngeze, soulignant: "Je n'ai pas répondu aux 47 témoins du procureur, je n'ai pas encore abordé Kangura".

La chambre a décidé de lui accorder une demi-journée supplémentaire, mardi matin, "sous réserve de la manière dont vous allez gérer votre temps, compte tenu de ce que la chambre attend de vous", lui a-t-elle signifié.

AT/CE/GF/FH (ME'0331A)