Bagambiki, co-accusé avec l'ancien ministre des Transports André Ntagerura et le lieutenant Samuel Imanishimwe, ancien commandant du camp militaire de Karambo, est accusé D'être le cerveau des massacres de Cyangugu. Il est défendu par le Belge Vincent Lurquin et le Camerounais Seydou Doumbia.
"BHP" a expliqué à la chambre que la tension s'était mise à monter dans la préfecture de Cyangugu en 1990, lorsque le FPR (ex-mouvement rebelle à
dominante tutsie) avait lancé des attaques contre le gouvernement. Selon lui, ces attaques du FPR ont entraîné une détérioration du climat social.
Il a poursuivi en disant que l'instauration du multipartisme avait également contribué à diviser leur communauté, donnant l'exemple D'un certain Antoine Hitimana, membre du Mouvement Démocratique Républicain, qui aurait lancé une grenade sur Pascal Rurangangabo, du MRND, le parti au pouvoir à l'époque.
"BHP" a ajouté que des rapports selon lesquels de jeunes Tutsis étaient en train de rejoindre les rangs du FPR avaient exacerbé les soupçons au sein de la communauté. Pressé par Me Doumbia D'en dire plus, le témoin a cité les noms de parents qui, selon lui, auraient envoyé leurs enfants rejoindre les
rebelles.
" Une semaine avant la mort D'Habyarimana, J'ai entendu trois Tutsis dans un bar dire 'si Habyarimana meurt, nous aurons la paix'. Les gens savaient ce qui allait se passer", a déclaré BHP, ajoutant que de nombreuses personnes suspectaient les Tutsis D'être responsables de la mort du président.
Le témoin a ensuite indiqué qu'au moment de la mort D'Habyarimana, des groupes de "bandits" en maraude ont attaqué et pillé des maisons appartenant à des Tutsis. Ces attaques auraient poussé les Tutsis à chercher refuge au stade et à la paroisse.
Les deux témoins ont également fait écho aux dépositions des précédents témoins à décharge de Bagambiki, répétant que l'accusé avait fait de son
mieux pour mettre fin aux tueries. Ils ont ajouté que, dès que Bagambiki avait appris que le Bourgmestre de Kagano, Kamana Alloys, était impliqué dans ces tueries, il l'avait renvoyé.
"Quand les bandits ont menacé la paroisse, Bagambiki s'y est rendu pour faire revenir le calme", a indiqué BHP. "Je l'ai même vu à l'extérieur de la
paroisse le 13 avril 1994 en compagnie de l'évêque de Cyangugu, Thadée Ntihinyurwa".
Le procès Cyangugu, qui a débuté le 18 septembre 2000, se déroule devant la troisième chambre du TPIR, présidée par le juge George Lloyd Williams de St. Kitts et Nevis, et composée en outre des juges russe Yakov Ostrovsky, et slovène Pavel Dolenc.
CE/KN/GF/FH (CY’0224e)