10.12.2002 - TPIR/NAHIMANA - LES CRITIQUES CONTRE NAHIMANA ETAIENT MOTIVEES PAR LA JALOUSIE, SELON U

Arusha, le 10 décembre 2002 (FH) - Les critiques formulées contre Ferdinand Nahimana, un des accusés dans le procès des "médias de la haine" étaient motivées par la jalousie, a affirmé un témoin de la défense, mardi, devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Promoteur allégué de la Radio-Télévision Libre des Mille collines (RTLM) qui a incité au génocide anti-tutsi et aux massacres D'opposants au Rwanda entre avril et juillet 1994, Ferdinand Nahimana a été souvent critiqué dans les journaux locaux avant cette période.

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l'accusé a exercé plusieurs fonctions, dont celle de professeur D'université et de directeur de l'Office rwandais D'information (ORINFOR), qui gérait l'ensemble des médias officiels.

Dénommé "F2" pour protéger son anonymat, le neuvième témoin de la défense a déclaré que la méfiance vis-à-vis de Ferdinand Nahimana avait commencé dès sa nomination à l'ORINFOR. "Certains professeurs ont pensé : 'Pourquoi pas moi?'. Et c'est cette question qui a développé cette méfiance, cette jalousie", a indiqué M.F2.

Le témoin a ajouté que Ferdinand Nahimana s'était affiché comme un membre de l'ex-parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), ce qui lui avait également attiré les critiques des opposants.

Selon F2, certains collègues de Nahimana prônaient le changement de régime au Rwanda à tout prix, y compris par la guerre. "Ferdinand Nahimana n'était
pas dans ce camp-là", a déclaré le témoin, expliquant que cela l'avait aussi mis en conflit avec ses pairs.

Ferdinand Nahimana a été souvent accusé, dans la presse, D'avoir pratiqué la préférence ethnique et régionale à l'université et au sein de l'ORINFOR. Le témoin, qui connaît Ferdinand Nahimana dans le cadre de ces deux institutions, a déclaré que ces accusations étaient sans fondement.

D'après le témoin, Ferdinand Nahimana a dirigé des mémoires D'étudiants de toutes origines ethniques et régionales. Il a également effectué des recherches en collaboration avec des collègues hutus et tutsis.

F2 a par ailleurs déclaré que Ferdinand Nahimana n'avait jamais pratiqué de discrimination à l'ORINFOR, prônant au contraire, selon le témoin, "une politique D'ouverture".

Ferdinand Nahimana est coaccusé avec l'ex-conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze.

Ils sont poursuivis notamment pour entente et incitation directe et publique à commettre le génocide. Ils plaident non coupables.

Ferdinand Nahimana est le premier accusé dans cette affaire à citer des témoins pour sa défense. Il sera suivi par Hassan Ngeze. Jean-Bosco Barayagwiza, quant à lui, boycotte le procès depuis son ouverture en octobre 2000, alléguant que le TPIR est manipulé par le gouvernement rwandais. Il est représenté par des avocats qu'il ne reconnaît pas.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et comprenant en outre
les juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana. Mardi après-midi, le témoin était contre-interrogé par le parquet. Sa déposition se poursuivra mercredi.

AT/CE/GF/FH (ME-1210A)