000 fusils de marque R4, de fabrication sud-africaine, par le gouvernement rwandais en octobre1992.
Se référant à un rapport de 'Human Rights Watch' intitulé 'Arming Rwanda' et que Mme Des Forges cite dans son rapport d’expertise, l'avocat franco-togolais de Kabiligi, Me Jean Degli, a suggéré que le document mentionne effectivement des armes acquises par le gouvernement rwandais, mais ne fait pas référence aux 20.000 fusils achetés en 1992, tel que l'allègue l'expert.
"Je dois consulter mes notes, J'ai laissé mes notes à ma résidence [aux Etats Unis]", a répliqué l'expert, quelque peu confuse, et coupant court à l'interrogatoire de la défense sur cette question particulière.
"Je considère donc que le contre-interrogatoire de ce témoin est inachevé", a constaté l'avocat, sollicitant de la chambre que l'expert puisse revenir avec "ses notes" pour éclairer la chambre.
"Cette question est capitale pour la défense du général Kabiligi, elle constitue la pierre angulaire des accusations portées contre mon client", a-t-il fait valoir.
Kabiligi est notamment accusé D'avoir supervisé la distribution d’armes à feu dans la région de Byumba (nord du Rwanda) en 1993, dans le cadre du programme D'auto-défense civile. l'expert a allégué que ce programme visait à tuer les Tutsis, dont près D'un million ont trouvé la mort durant le génocide de 1994.
Kabili est co-accusé devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avec l'ancien directeur de cabinet au ministère de la défense, le colonel Théoneste Bagosora, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kigali, le major Aloys Ntabakuze.
Le parquet allègue que les quatre hauts gradés des ex-FAR sont parmi les principaux responsables de la tragédie rwandaise. Ils plaident non coupables.
Mme Des Forges bouleversée par un documentaire sur Sendashonga
Avant de "clôturer" son contre interrogatoire, Me Degli a introduit en preuve, mardi en fin D'après-midi, un documentaire réalisé par la chaîne de télévision française, TV5, relatant l'assassinat de l'ex-ministre de l'intérieur du gouvernement post-génocide, Seth Sendashonga. Ce dernier a été 'éliminé' en mai 1998, criblé de balles en plein centre ville de Nairobi, au Kenya. Ses assassins n’ont jamais été retrouvés, mais de nombreux observateurs, dont la femme de Sendashonga, sont persuadés que le FPR est derrière ce meurtre.
En visionnant la toute première partie du film, Mme Des Forges a presque fondu en larmes, sollicitant le temps de se ressaisir et de scruter le document audio-visuel plus tard et en toute sérénité. "Sendashonga était un ami personnel", a-t-elle expliqué, apparemment très émue.
Le visionnage de la vidéo s’est poursuivi mercredi matin. S'appuyant sur cet assassinat, qualifié par certains de "politique", l'avocat a interrogé l'expert sur les massacres des populations civiles et la chasse aux dignitaires Hutus imputés au FPR (l'ex-mouvement rebelle actuellement au pouvoir à Kigali), avant et après le génocide de 1994.
La chambre a admis de justesse la vidéo comme élément de preuve de la défense, ayant auparavant mis en doute sa pertinence par rapport au dossier. Me Degli, appuyé par ses confrères, a finalement réussi à convaincre les juges.
La défense de Nsengiyumva qui, dans l'après-midi, a entamé le contre-interrogatoire de Mme Des Forges, a laissé entendre qu'elle l'interrogera elle aussi sur le doculmentaire, notamment en ce qui concerne "les tueries systématiques planifiées par le FPR" qu’avait évoquées Sendashonga avant son assassinat.
Le procès des militaires se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge George Lloyd Williams de Saint Kitts et Nevis, et composée en outre des juges, slovène Pavel Dolenc, et sénégalaise Andrésie Vaz.
Mme Des Forges poursuit sa déposition jeudi.
GA/CE/GF/FH (ML-1120A)