20.11.2002 - TPIR/RENZAHO - LE COLONEL THARCISSE RENZAHO COMPARAÎT JEUDI DEVANT LE TPIR

Arusha, le 20 novembre 2002 (FH) - l'ancien préfet de la ville de Kigali, le colonel Tharcisse Renzaho, fera sa comparution initiale jeudi devant le juge Navanethem Pillay, a annoncé le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Le colonel Renzaho, 58 ans, plaidera sur la base D'un acte D'accusation comportant trois chefs, deux de génocide, ou de complicité dans le génocide, et le troisième de meurtre constituant un crime contre l'humanité.

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Renzaho a été arrêté en République démocratique du Congo (RDC) le 26 septembre dernier.

Deux chefs d’accusation de génocide
L’accusant de génocide ou de complicité dans le génocide, le parquet du TPIR lui reproche D'avoir eu « l'intention de détruire le groupe ethnique tutsi en tant que tel. En vertu de son autorité, il a, individuellement et de concert avec D'autres personnes, ordonné de tuer de nombreux Tutsis à la paroisse de l'église Sainte Famille, au Centre pastoral Saint-Paul et au Centre D'éducation des langues africaines (CELA)" dans la ville de Kigali.

Renzaho aurait, selon l’acte d’accusation, « publiquement incité les civils hutus à tuer les Tutsis parce qu’ils étaient des Tutsis ».

Le parquet allègue notamment que, "vers le 7 avril 1994, et régulièrement après, Tharcisse Renzaho a diffusé des ordres sur les ondes de Radio Rwanda, à l'intention des militaires, des gendarmes, des milices, des citoyens locaux et des militaires démobilisés, leur demandant D'ériger et de garder des barrages routiers aux fins D'intercepter, D'identifier et de tuer les Tutsis".

L’acte d’accusation reproche ensuite au colonel Renzaho d’avoir « ordonné aux militaires, aux gendarmes, à la police communale, aux miliciens, aux civils armés et aux militaires démobilisés de tuer des Tutsis tout simplement parce qu’ils l’étaient ».

Parmi les complices présumés de l'accusé figurent l'évêque anglican Samuel Musabyimana, détenu à Arusha, le prêtre catholique Wenceslas Munyeshyaka, qui est mis en examen en France, le major Anne Nyirahakizimana, condamné par un tribunal rwandais, et plusieurs responsables locaux.

"Entre le 7 et le 30 mai 1994, alors qu'il se trouvait à une réunion à la résidence de l'évêque Samuel Musabyimana, Tharcisse Renzaho a accepté de fournir des fusils à Musabyimana. Renzaho a ensuite fourni plusieurs fusils kalachnikov qui ont été livrés par le major Nyirahakizimana. Les dits fusils ont été distribués à des miliciens qui les ont utilisés pour tuer des Tutsis".

Accusé de meurtre constituant un crime contre l’humanité
l'accusé aurait en outre ordonné le meurtre de plusieurs personnes, dont un journaliste connu pour son opposition au gouvernement D'alors, André Kameya. "Vers le 15 juin 1994, Tharcisse Renzaho a ordonné par écrit à [la conseillère communale] Odette Nyirabagenzi de tuer André Kameya […] En compagnie D'éléments [de la milice] Interahamwe, Odette Nyirabagenzi a trouvé et fait tuer André Kameya conformément aux ordres de Renzaho", selon le parquet.

Tharcisse Renzaho faisait partie de la quinzaine de suspects de génocide figurant sur la liste américaine. En raison de ses liens prétendument privilégiés avec le gouvernement de la RDC, Renzaho était considéré comme l’un des suspects les plus difficiles à appréhender.

Selon un porte-parole du TPIR, Renzaho « est un élément très important de tout le complot » (le génocide). Son procès, lorsqu’il s’ouvrira, constituera certainement l’un des plus importants dont le TPIR a été saisi.

AT/CE/GF/FH (RE-1120A )