07.11.2002 - TPIR/MEDIAS - LES TEMOINS DE LA DEFENSE REFUTENT LES ALLEGATIONS D'EXTREMISME CONTRE NA

Arusha, le 7 novembre 2002 (FH) – Les six témoins cités, depuis le 22 octobre, par la défense de Ferdinand Nahimana ont tour à tour réfuté les allégations D'extrémisme anti-tutsi et de régionalisme formulées contre lui par le parquet du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). La défense conteste la thèse du parquet par le biais des témoins de moralité.

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Promoteur allégué de la Radio-Télévision Libre des Mille collines (RTLM) qui a incité au génocide anti-tutsi et aux massacres D'opposants en 1994, Ferdinand Nahimana est coaccusé avec l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza, ainsi que l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze. Ils plaident non coupables.

Pour G99, Nahimana était très sociable.
Second témoin de la défense à déposer après Ferdinand Nahimana, "G 99" connaît l’accusé depuis 1981 et l’a côtoyé à l'Université nationale du Rwanda (UNR) où il a D'abord étudié puis enseigné. Ferdinand Nahimana a lui-même enseigné à l'UNR à partir de 1977. Ferdinand Nahimana s'entendait avec tout le monde et était "quelqu'un de très sociable", a-t-il déclaré.

Le témoin a rapporté que Ferdinand Nahimana traitait ses étudiants, hutus et tutsis, de manière équitable et que personne ne s'était plaint D'avoir été discriminé sur une base ethnique ou régionale. Il a ajouté que l'accusé entretenait de bonnes relations avec ses pairs, les professeurs. Ceux-ci, à un moment donné, l'ont même élu doyen de la faculté des Lettres, a-t-il dit. "Si le vote pour lui avait été effectué par un seul groupe [ethnique], il n'aurait pas été élu", selon M.G 99.

Le témoin I 2 réfute le radicalisme de Nahimana
"I 2", qui a succédé à « G99 », est lui aussi une vieille connaissance de Nahimana. Ils appartenaient au même parti, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), et avaient adhéré à un même cercle de réflexion. I 2 a indiqué que Nahimana n'épousait pas les idées du parti radical anti-tutsi, la Coalition pour la défense de la République (CDR).

Ses écrits montrent clairement qu'il n'était pas anti-tutsi, a-t-il souligné. Il a ajouté que l'accusé désapprouvait le comportement de la jeunesse Interahamwe, considérée comme le fer de lance du génocide anti-tutsi et des massacres D'opposants qui ont fait un million de morts au Rwanda entre avril et juin 1994.

« Ni régionaliste, ni ethniciste », selon AS1
Quatrième témoin à déposer, AS1, également ancien collègue du professeur Nahimana à l'UNR, a déclaré connaître l'accusé depuis l'école secondaire. Comme G99, AS1 a déclaré que Nahimana n'était ni régionaliste, ni ethniciste. "Je n'ai jamais entendu parler à son endroit de régionalisme ou d’ethnicisme, que ce soit dans ses enseignements, ou dans ses comportements humains".

Evoquant les années de jeunesse de Ferdinand Nahimana, AS1 a déclaré que ce dernier n'avait jamais appartenu à des associations sectaires. Le témoin a également réfuté des allégations selon lesquelles l'accusé aurait été membre du "comité de salut" qui a organisé la chasse aux Tutsis à l'UNR dans les années 1970.

Mme Nahimana dépose à son tour
Ces allégations ont également été réfutées par l'épouse de l'accusé, Laurence Nyirabagenzi, lors de sa déposition en tant que cinquième témoin de la défense. Mme Nahimana étudiait à l'UNR au moment des faits. "Non, il [Nahimana] n'était pas membre du comité de salut. Je me souviens que lui aussi, à un moment donné, a été menacé, car il avait caché deux Tutsis", a déclaré Mme Nahimana.

Mme Nahimana a souligné que les membres du comité de salut "avaient un caractère brutal", opposé à celui de son mari. Mme Nahimana a par ailleurs déclaré que son mari n'avait jamais collaboré avec le journaliste Hassan Ngeze, avec qui il est accusé D'entente en vue de commettre le génocide . "Il ne lisait même pas son journal. Qu'il y ait eu entente entre eux est pour moi inimaginable […] Ils ne se parlaient pas et ne pouvaient donc mettre en place un projet ensemble".

Le sixième témoin de la défense, dénommé "Z1" a entièrement déposé à huis clos. Sa déposition ne devrait pas se terminer avant vendredi.

Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay et
composée en outre des juges norvégien Erik Mose et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.

Le procès des médias sera ajourné vendredi pour laisser la place, à partir du 11 novembre, au procès de l'ex-ministre de l'information, Eliézer Niyitegeka, suspendu le 30 octobre.

AT/CE/GF/FH (ME-1107A)