Tous trois sont accusés d’avoir utilisés leurs médias respectifs pour inciter au génocide.
Les trois documents comprenaient deux interviews, l’une donnée à la radio nationale à Cyangugu en 1994, l’autre à une chaîne de télévision française au Cameroun en 1996, ainsi que les minutes alléguées d’une réunion entre des officiels de la RTLM, également en 1994, à laquelle Nahimana aurait participé en compagnie de l’ex-ministre de l’Information, Faustin Rucogoza.
Ces documents font partie des preuves présentées par le parquet afin de prouver que Nahimana était l’un des meneurs d’une station de radio “raciste” incitant au génocide.
A la reprise du procès des médias, après deux semaines d’interruption, Nahimana a déclaré à la chambre que certains passages en sa faveur étaient absents des trois documents. " On a présenté ce procès comme étant très complexe. Pourtant, ce témoignage n’a pas été produit dans sa totalité ", a-t-il déclaré. Nahimana a ensuite expliqué que le parquet n’aurait aucun argument si les preuves étaient présentées dans leur totalité.
Le parquet, représenté par l’Américaine Simone Monasabien, a réfuté ces allégations.
Selon les minutes alléguées d’une réunion organisée par le ministre de l’ Information pour reprocher à la RTLM le contenu “extrémiste” de ses programmes, Nahimana y aurait participé en tant que directeur de la RTLM, une allégation qu’il réfute depuis le début de son procès. Nahimana a indiqué à la cour que le véritable directeur de la station de radio, Phocas Habimana, avait assisté à cette rencontre et que, selon lui, une page des minutes faisant référence à la présence d’Habimana aurait été arrachée de la preuve par le procureur pour « sauver la face ».
Nahimana a déclaré à la cour qu’il n’était qu’un des membres du comité en charge de la RTLM, mais en aucun cas le directeur de la radio.
Le témoignage de Nahimana, premier témoin de la défense, se poursuit mardi matin. Le procès durera jusqu’à la mi-journée, pour laisser ensuite la place
au procès de l’ancien ministre de l’Information, Eliezer Niyitegeka, qui se déroulera dans la même chambre.
Cette alternance de procès dans une même chambre fait partie d’une expérience menée en vue d’accueillir les juges ad litem au début de l’année
prochaine. Leur tâche sera de compléter le travail des juges permanents actuels.
Le procès des médias se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR présidée par la juge sud-africaine Navanethem Pillay, et
comprenant en outre les juges, norvégien Erik Mose, et sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana.
CE/GG/GF/FH(ME-1014e)