Contrairement à la stratégie du procureur qui D'emblée s’était employé à démontrer que les accusés avaient planifié et adhéré à un plan visant l'élimination des Tutsis depuis le début des années 90, l'avocat martiniquais de Bagosora, Me Raphaël Constant, a débuté son interrogatoire en insistant sur des questions relatives à la période monarchique et à la révolution de 1959 qui avait porté la majorité Hutu au pouvoir.
Mme Des Forges a indiqué que la chute de la monarchie en 1959, "votée à 80% de la population", a constitué une phase cruciale. Elle a expliqué que la polarisation des Hutus et des Tutsis dans des camps socio-politiques opposés, entre 1959 et 1969, en est une conséquence directe.
De l'avis de l'expert, même si "les luttes politiques au Rwanda ont toujours inclus un élément ethnique important", cela n'était toujours pas le cas du temps de la
monarchie. "Je n’ai aucune connaissance de Hutus s'organisant militairement contre les (colonisateurs) Belges ou contre la Royauté tutsie" dans les années 50, à la fin de la période coloniale, a-t-elle souligné.
Bagosora est co-accusé avec l'ancien responsable des opérations militaires à l'Etat major de l'armée, le général de brigade Gratien Kabiligi, l'ancien commandant de la région militaire de Gisenyi (ouest du Rwanda), le lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva, ainsi que l'ancien commandant du bataillon para-commando de Kigali, le major Aloys Ntabakuze.
Le parquet allègue qu'ils figurent parmi les principaux responsables de la tragédie rwandaise qui a emporté la vie D'un million de personnes entre avril et juillet 1994. Ils plaident non coupables.
Le procès des militaires se déroule devant la troisième chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge George Lloyd Williams de Saint Kitts
et Nevis, et composée en outre des juges, slovène, Pavel Dolenc, et sénégalaise, Andrésie Vaz. Me Constant poursuivra le contre interrogatoire de Mme Des Forges lundi.
GA/FH (ML-0920b)