22.08.2002 - TPIR/NTAKIRUTIMANA - LES ACCUSES SONT COUPABLES, SELON LE PARQUET

Arusha, le 22 août, 2002 (FH)-- Le parquet a développé mercredi ses arguments finaux dans le procès conjoint du pasteur adventiste, Elizaphan Ntakirutimana, et de son fils, le Dr. Gérard Ntakirutimana, et demandé que les coaccusés soient reconnus coupables des crimes retenus contre eux devant le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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Le pasteur Ntakirutimana est le premier homme d’église a être jugé pour génocide par un tribunal international.

Sept chefs d’accusation ont été retenus contre les Ntakirutimana, dont génocide, complicité dans le génocide, entente en vue de commettre le génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre

Si, comme prévu, les trois représentants de l’accusation, l’Anglo-Nigérian Charles Philips-Adeogun, le Tanzanien Walace Kapaya et l'Américaine Boi-Tia Stevens ont demandé que les accusés soient reconnus coupables, ils ont en revanche surpris en ne précisant pas, contrairement aux habitudes du parquet, la nature de la sanction souhaitée.

Le père et le fils, âgés respectivement de 78 et de 44 ans, sont accusés de massacres de Tutsis commis dans le complexe de Mugonero (province Kibuye, ouest du Rwanda) entre avril et juillet 1994. Les deux auraient planifié et supervisé le massacre de 6000 Tutsis réfugiés à cet endroit le 16 avril 1994. Ils plaident non coupables. Au moment des faits, le pasteur Ntakirutimana était en charge de l'Eglise Adventiste au complexe de Mugonero, et son fils médecin au même endroit.

"Les accusés avaient l'intention de favoriser l’extermination des Tutsis", a souligné Stevens, ajoutant que le pasteur, qui avait trois véhicules à sa disposition, n'avait sauvé personne.

"Ces deux accusés ont incarné l'idéologie extrémiste du génocide qui a prévalu au Rwanda en 1994, que l'on peut qualifier de 'hutu power'", a relevé Philips-Adeogun.

Le génocide rwandais a coûté la vie à un million de personnes, selon un bilan établi récemment par le gouvernement de Kigali.

Le pasteur Ntakirutimana a été arrêté en 1996 aux Etats Unis, tandis que son fils a été appréhendé la même année en Côte D'Ivoire. Le père est défendu par l'ancien procureur général des Etats Unis, Me Ramsey Clark, et le fils par l'avocat canadien, Me David Jacobs.

La défense entame ses plaidoiries jeudi, pour contrer la preuve apportée par le parquet. Elle a clôturé la présentation de ses moyens de preuve le 10 mai dernier, dans ce procès ouvert sur le fond le 18 septembre 2001.

Le procès se déroule devant la première chambre de première instance du TPIR, présidée par le juge norvégien Erik Mose, et comprenant en outre les juges sud africaine Navanethem Pillay, et sénégalaise, Andrésie Vaz.

GA/GF/FH (NK-0821A)