Le témoin a déclaré que les préparatifs de l'attaque contre l'église de Ruhanga se sont déroulés le 14 avril 1994 au lieu-dit Kabuga. Semanza aurait, à cette occasion, demandé des renforts militaires, et des véhicules pour transporter les assaillants. "C'est lui qui a demandé les armes pour ceux qui n'en avaient pas", a affirmé le témoin.
Lors de l'attaque menée le 15 et le 16 avril 1994, Semanza aurait averti que les Tutsis qui s'étaient réfugiés à l'église se défendaient très bien, qu'ils avaient des pierres qu'ils lançaient aux assaillants.
"Nous nous sommes constitués en grands groupes, avec des militaires, pour mater cette résistance et résoudre le problème", a expliqué le témoin, ajoutant que l'accusé jouissait du respect des assaillants. "C'est lui qui prenait toutes les décisions, surtout que nous le respections", a-t-il dit.
Semanza est poursuivi pour les massacres perpétrés à Bicumbi et dans la commune avoisinante de Gikoro durant le génocide de 1994. Le parquet situe l'essentiel de ses allégations entre le 9 et le 14 avril 1994, alors que Semanza affirme avoir quitté sa résidence dans la nuit du 8 au 9 avril, en direction de Gitarama (centre du Rwanda).
Le témoin a affirmé avoir vu l'accusé à l'Hôtel des Diplomates à Kigali "entre le 25 et le 30 avril 1994", puis à Gitarama "fin avril début mai (1994)", sans donner une date précise.
M. DCH est un Hutu qui a terminé de purger sa peine le 1er janvier 2002 dans une des prisons du Rwanda. Ancien membre des Interahamwe (milice de l'ex-parti au pouvoir, le MRND), il avait plaidé coupable de génocide en 1997.
Le contre-interrogatoire de "DCH" a été fixé à mercredi, la défense ayant soutenu qu'elle ne pouvait pas le mener mardi sans être en possession de la traduction de sa déclaration en français et en anglais, les deux langues de travail du Tribunal.
S'agissant des témoins "XXL" et "XXK" qui n'ont pas pu se rendre à Arusha, le représentant du gouvernement rwandais auprès du TPIR, Martin Ngoga, a indiqué que contrairement à ce qu'avait annoncé lundi un officiel de la section chargée de la protection des témoins, l'absence des deux témoins ne résulte pas du manque de coopération de la part de Kigali.
Lors D'un point de presse tenu mardi, Ngoga a expliqué qu'au moment où le TPIR est allé solliciter le concours du ministre de la justice, ce dernier se trouvait à l'étranger. Le diplomate rwandais a ajouté qu'aucun effort n'a été fourni par le TPIR pour obtenir ces autorisations par D'autres voies.
"Ils auraient du contacter directement le service D'immigration, ou informer le représentant du gouvernement auprès du TPIR", a-t-il dit. "Le rappel à l'ordre n'était pas nécessaire", a ajouté Ngoga, se référant à la remarque faite lundi par la troisième chambre du TPIR, enjoignant au gouvernement rwandais de coopérer avec le TPIR. Ngoga a regretté que la situation ait été exposée de façon tronquée aux juges.
Le substitut canado-nigerian du procureur, Chile Eboe-Osuji, a déjà exprimé son intention de retirer de sa liste le témoin XXL, citant les difficultés à faire voyager les témoins du Rwanda vers Arusha.
Semanza est défendu par l'avocat américano-camerounais, Me Charles Taku, et un confrère béninois, Me Sadikou Alao. Les défenseurs estiment que leur client est victime D'une "machination politicienne".
Le procès Semanza s'est ouvert sur le fond le 16 octobre 2000. Il est présidé par le juge russe Yakov Ostrovsky, assisté des juges George Williams de Saint-Kitts et Nevis, et Pavel Dolenc de Slovénie.
GA/AT/GF/FH (SE-0416A)