22.02.2002 - TANZANIE/RWANDA/JUSTICE - LE PROFESSEUR BELGE PHILIP REYNTJENS DEPOSE EN FAVEUR DE NTUY

Dar-es-Salaam, 22 février 2002 (FH) - Un expert cité par la défense D'un officier rwandais réclamé par Kigali pour assassinats a déclaré vendredi, devant un tribunal de Dar- es- salaam, que le suspect n'avait jamais été mentionné dans ses enquêtes. Le professeur belge Philip Reyntjens a indiqué au tribunal de Kisutu que lors de ses recherches intensives sur l'assassinat de l'ancien premier ministre rwandais Agathe Uwilingiyimana et de dix soldats belges membres de son escorte, il n'avait jamais été question de l'implication du major Bernard Ntuyahaga.

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Détenu à Dar-es-salaam depuis 1999, le major Ntuyahaga est réclamé par Kigali pour son rôle présumé dans ces assassinats, le 7 avril 1994 à Kigali, aux premières heures du génocide anti-tutsi et des masacres D'opposants qui ont fait un million de morts, selon un récent bilan du gouvernement rwandais. Philip Reyntjens est juriste et politologue, spécialiste de la région des grands lacs africains dont fait partie le Rwanda.

l'expert belge a indiqué que ses informations provenaient de différentes sources, dont le témoignage de cinq militaires ghanéens ayant survécu à ce massacre, le rapport D'une commision belge D'enquête sur les événements du Rwanda et D'autres documents."Il y avait quelques noms qui étaient cités, mais pas celui du major Ntuyahaga", a déclaré Philip Reyntjens. Il a expliqué que les soldats belges avaient été tués après que le major Ntuyahaga les ait déposé D'un minibus au camp militaire de Kigali.

Au départ, ils étaient quinze militaires, cinq Ghanéens et dix Belges, mais les Ghanéens ont été séparés des Belges avant le massacre, a-t-il dit. Philip Reyntjens a ajouté que Agathe Uwilingiyimana avait pour sa part été tuée dans ou autour de sa résidence, après avoir été découverte dans sa cachette par des soldats rwandais, dont il n'a pas cité les noms.

A la question de savoir s'il y avait eu une une enquête sur la mort de l'ex-président Juvénal Habyarimana ainsi que sur celle de l'ex-premier ministre Uwilingiyimana, Philip Reyntjens a répondu : "ni l'ancien ni le nouveau régime n'ont l'intention de la faire".

l'expert a également indiqué que le système judiciaire rwandais avait été détruit pendant le génocide de 1994, la conséquence étant qu'il n'y a pas de garantie D'une justice équitable pour les quelques 125.000 personnes languissant dans les prisons rwandaises. "Les chances de procès équitables sont minces", a déclaré Phiilp Reyntnjens, ajoutant que si le major Ntuyahaga était extradé vers le Rwanda, il resterait de longues années en prison sans jugement, comme ceux qui s'y trouvent déjà.

Philip Reyntjens est le troisième témoin de la défense dans cette affaire. Les avocats prévoient de citer deux autres témoins. l'affaire a été ajournée jusqu'au 8 mars.

NI/AT/GF/FH(NU-0222A)