06.12.2001 - TPIR/MEDIAS - UN TEMOIN CLAQUE LA PORTE

Arusha, le 6 décembre 2001 (FH) - Un témoin du parquert a claqué la porte jeudi dans le procès des anciens responsables "des médias de la haine" en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), considérant qu'il avait été insulté. Trente sixième témoin dans ce procès, Agnès Murebwayire a quitté précipitemment le prétoire, après qu'un avocat eût suggéré qu'elle ne disait pas la vérité.

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Agnès Murebwayire déposait contre l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre de Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimna, un des accusés dans ce procès.

l'avocate anglaise Me Diana Ellis, co-conseil de Ferdinand Nahimana, a affirmé que son témoignage n'était pas crédible.
Prise par la colère, Agnès Murebwayire a déclaré que l'avocate "s'engraisse" au détriment des victimes du génocide anti-tutsi et des massacres D'opposants commis au Rwanda en 1994.

"Madame est en train D'être payée sur le dos de nos morts.[...] Si Nahimana n'avait pas tué nos gens, elle ne serait pas là", a déclaré le témoin, avant de quitter la salle D'audience, en menacant de ne plus y revenir.

Me Ellis a paidé que des témoins "ne viennent pas ici pour prononcer des discours. Ce n'est pas leur rôle. S'ils commencent à prononcer des discours, ils deviennent hystériques".

l'avocate anglaise a ajouté que des témoins du parquet croient que les avocats n'ont pas le droit de mettre en mal leur crédibilité, et a demandé que quelqu'un leur explique les règles du jeu.

Me Ellis a révélé qu'au Tribunal pour l'ex-Yougoslavie, "on empêche aux témoins de prononcer des discours inappropriés en éteignant leurs micros".

La représentante américaine du parquet, Simone Monasebian, a demandé que Me Ellis soit sanctionnée pour son comportement vis-à vis du témoin.

Le juge norvégien Erik Mose, qui préside les débats, a ajourné la séance jusqu'à ce que le témoin revienne sur sa position.

Le juge Mose a enjoint le service de protection des témoins D'informer Agnès Murebwayire que le Tribunal ne l'a pas accusée D'être menteuse, mais que son témoignage sera évalué à temps opportun en même temps que les autres dépositions qui auront été entendues au cours du procès.

Le témoin devrait également être informé que la défense a des devoirs à remplir, a poursuivi le juge Mose.

Le juge Mose a enfin demandé qu'Agnès Murebwayire soit mise au courant que son témoignage ne sera pas pris en compte si elle s'arrête à mi-chemin.

l'avocat canadien Me René Martel, qui représente l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, un des coaccusés de Nahimana, a demandé que ce témoignage soi rejeté dans son ensemble.

"Votre seigneurie, le témoin a été pris la main dans le sac. Elle a tenu des propos nerveux et théâtraux", et devrait être disqualifié, a dit Me Martel.

Au moins deux témoins du parquet ont menacé de quitter la salle D'audience au cours ce procès ouvert sur le fond en octobre 2000, mais s'étaient ressaisis.

La question du traitement des témoins au TPIR est D'actualité depuis que des associations rwandaises se sont plaintes du "harcèlement" dont aurait été victime un témoin dans le procès du groupe Butare (sud du Rwanda), fin octobre-début novembre.
AT/DO/FH (me_1206a )