22.03.2001 - TPIR/MEDIAS - LE TRIBUNAL REJETTE LA REQUETE DE NGEZE EN CHANGEMENT D'AVOCATS

Arusha, le 22 mars 2001 (FH)- Le Tribunal a rejeté jeudi une requête de l'ancien directeur et rédacteur en chef de la revue Kangura, Hassan Ngeze, demandant le retrait de ses défenseurs, l'Américain Me John Floyd et le Canadien Me René Martel. Accusé dans le procès des médias en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Hassan Ngeze demandait depuis le mois de février le retrait de ses avocats, arguant qu'il n'avait plus confiance en eux.

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La chambre avait entendu cette requête à huis clos.

La présidente de la chambre, la juge sud-africaine Navanethem Pillay, a annoncé que la requête a été rejetée par la majorité des juges, un D'entre eux, le magistrat sri-lankais Asoka de Zoysa Gunawardana, ayant exprimé une opinion dissidente. Le texte de la décision sera communiqué ultérieurement , a indiqué la juge Pillay. Outre les juges Pillay et Gunawardana, la chambre devant laquelle comparaît Hassan Ngeze comprend également le juge norvégien Erik Mose.

Hassan Ngeze est coaccusé avec l'ancien promoteur de la Radio-télévision libre des Mille collines (RTLM), Ferdinand Nahimana, et l'ancien conseiller politique au ministère des affaires étrangères et membre du comité D'initiative de la RTLM, Jean-Bosco Barayagwiza.

Jeudi, le Tribunal a poursuivi l'audition du quatorzième témoin de l'accusation. Il déposait contre Jean-Bosco Barayagwiza. l'avocat béninois Me Alfred Pognon, co-conseil dans l'affaire Barayagwiza, a indiqué que dans la déposition de ce témoin, qui avait quinze ans en 1994, "il n'y a pas de faits. Il n'y a que des mensonges". Le Tribunal lui a signifié que de tels commentaires devraient être réservés au stade de la plaidoirie finale.

Le procès se poursuivra lundi prochain avec la déposition D'un nouveau témoin du parquet. La défense de Ferdinand Nahimana souhaitait qu'il commence à témoigner dès vendredi mais le substitut camerounais du procureur, William Egbe, a signalé qu'il souffrait "de problèmes de décalage horaire".

La défense de Nahimana a rétorqué que l'argumentation du parquet n'était pas crédible, que le procureur voulait plutôt "tout à la fois compliquer le travail de la défense et s'entretenir longuement avec le témoin". "La vérité est qu'ils ont besoin de plus de jours pour se préparer" , ont soutenu les avocats de Ferdinand Nahimana.

Ferdinand Nahimana est représenté par l'avocat français, Me Jean-Marie Biju Duval et une consoeur anglaise, Me Diana Ellis. La défense de Nahimana a par ailleurs exigé que l'anonymat du prochain témoin soit levé, car, selon elle, il n'a pas besoin de protection.

William Egbe a signalé qu'il ne pouvait rien dire à ce stade de la procédure, car ce serait révéler la stratégie du procureur. Me Biju Duval a déploré que "pour le bureau du procureur, l'anonymat des témoins est une question de stratégie. Ce n'est pas une surprise pour la défense. Cela est inacceptable".

Dans ce procès, les avocats demandent parfois la levée de l'anonymat de certains témoins du parquet, notamment lorsqu'il s'agit de personnalités publiques. Le témoin de ce témoin, qui porte le pseudonyme "AFC", n'a pas encore été révélé. Mais des journalistes couvrant régulièrement les procès du TPIR ont aperçu l'historien rwandais exerçant en France, José Kagabo, dans un des hôtels D'Arusha et chuchotent que "ce n'est pas gratuit".

AT/PHD/FH (ME_0322A)