Dans sa déclaration liminaire, le représentant camerounais du parquet, Léonard Assira, a indiqué que les trois accusés "ont agi de concert pour une même entreprise criminelle: celle de l'élimination des Tutsis sur la carte démographique rwandaise, et singulièrement de la préfecture de Cyangugu". Plus de cent mille Tutsis ont été massacrés en préfecture de Cyangugu dans un espace de vingt trois jours, a affirmé Léonard Assira.
Présentant les accusés, le représentant du parquet a décrit l'ancien ministre Ntagerura comme "un homme D'appareil". " Dans le Rwanda de 1994, Ntagerura était un professeur D'université, un homme D'Etat, le doyen des membres du gouvernement intérimaire. Il a été ministre des travaux publics puis celui des transports et communications, ministères clés, que seuls pouvaient tenir les fidèles du président Habyarimana", selon le substitut Assira.
"Par son ancienneté à la tête des départements ministériels, André Ntagerura était investi D'une autorité et D'une influence indéniable pour la population de Cyangugu dont il était originaire" a expliqué le substitut du procureur.
"Il a fait montre D'une activité débordante dans de nombreuses réunions dans la préfecture, au cours desquelles il développait indéniablement la défense de la cause extrémiste hutue, appelant à l'extermination des Tutsis" a soutenu le représentant du parquet.
Le nom de Ntagerura a été également associé par le parquet au recrutement et au transport des miliciens Interahamwe ainsi qu'à la distribution D'armes. Il lui est en outre reproché D'avoir donné des ordres de tuer. Les véhicules de l'Office national des transports en commun (ONATRACOM), ceux des autres sociétés D'Etats ont été réquisitionnés pour le transport des tueurs, ce qui ne pouvait être fait à l'insu de Ntagerura, qui en tant que ministre des transports, était le responsable du parc automobile national, a signalé le représentant du parquet.
l'accusé Emmanuel Bagambiki a été, quant à lui, décrit par le parquet , comme" l'homme clé et le moteur du génocide dans la préfecture de Cyangugu". "Les éléments de preuves vous le montreront tantôt aux cotés de Ntagerura dans les meetings populaires qui incitaient à la haine, tantôt avec Imanishimwe pour l'entraînement des Interahamwe, et la distribution des armes" a indiqué le représentant du parquet.
" A travers les témoignages vous surprendrez Bagambiki sur les sites de massacres [...], vous le verrez agissant à découvert, toujours en compagnie D'Imanishimwe, donnant des ordres D'extermination" a souligné le substitut Léonard Assira. "De nombreux témoins l'ont vu commettre ou laisser commettre des actes de violences sur les femmes tutsies " selon le parquet.
Parlant D'Imanishimwe, le représentant du parquet a indiqué qu'il "était investi D'une autorité inversement proportionnelle à son grade de lieutenant", ajoutant qu'il il tenait ce pouvoir de ses origines. Le lieutenant Imanishimwe est originaire du nord-ouest du Rwanda, région natale de l'ancien président Habyarimana, a indiqué le parquet. Cette origine constitue à elle seule un éclairage sur l'autorité qu'exerçait Imanishimwe à Cyangugu, a indiqué le représentant du parquet.
Le parquet a soutenu qu'Imanishimwe a participé activement dans la préparation du génocide en entraînant des miliciens et en distribuant les armes, de même que dans la phase D'exécution sur différents sites de massacres. l'acte D'accusation évoque notamment la cathédrale de Cyangugu, le stade Kamarampaka et la localité de Gatandara.
" Vous le verrez à travers les témoignages qu'il était D'une redoutable efficacité exterminatrice" a souligné le représentant du procureur, ajoutant que "les témoins lui attribuent les viols sexuels perpétrés par ses subordonnés."
Le procès devrait se poursuivre avec les observations de la défense concernant notamment l'authenticité de l'acte D'accusation et la communication des moyens de preuves par le parquet.
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