"Je veux dire qu' il est toujours heureux de voir un tribunal savoir rendre une décision manifestement et particulièrement équilibrée, individualisée, et je dois dire que nous ne doutions pas effectivement que ce tribunal avait une grande équité, je crois qu'il vient vraiment de le montrer, dans le respect des victimes, de la gravité des crimes et des circonstances tout à fait particulières et individuelles qui sont celles de monsieur Ruggiu," a notamment expliqué Me. Gilissen, co-conseil dans l'affaire.
l' avocat belge a qualifié la sentence de "décision D'une nouvelle génération", un véritable appel lancé à D'autres accusés, estimant que le "Tribunal est manifestement prêt à entendre l'histoire de chacun".
"Je crois que c'est une source D'espoir pour tout le monde. D'abord pour les victimes [...] et puis pour les accusés. Je crois qu'aujourD'hui tenir le discours D'un Tribunal politique, D'un tribunal fermé ou obtus n'est plus tout à fait crédible" a conclu Me Gilissen.
Prononçant la sentence, la juge sud-africaine, Navanethem Pillay, tout en soulignant la gravité des crimes, "qui choquent la conscience collective de l'humanité", avait insisté sur les circonstances personnelles de Ruggiu, constitutives de circonstances atténuantes.
Georges Ruggiu a été reconnu coupable D'incitation directe et publique à commettre le génocide et de crime contre l'humanité (persécution).
Outre le plaidoyer de culpabilité et l'expression de remords, sa coopération "substantielle" avec le parquet et le fait que le repenti avait un casier judiciaire vide avant 1994, et qu'il n'avait pas personnellement tué au moment des faits, la chambre a considéré l'histoire personnelle présentée par la défense et par deux témoins de moralité.
"Il y a des indications," a dit le juge Pillay, "selon lesquelles vous avez été influencé par des individus qui ont pu vous manipuler, et qui vous ont entraîné dans une situation ou vous avez pu commettre les crimes pour lesquels vous êtes jugé aujourD'hui."
La Chambre a noté qu'avant D'aller au Rwanda en 1993, Ruggiu a travaillé pour les nécessiteux, et que les témoins de moralité l'ont décrit comme un homme de bien qui pourtant pouvait être manipulé.
"Vous nous semblez idéaliste, mais aussi sans maturité et impulsif," a notamment relevé la présidente Pillay, ajoutant que Ruggiu avait été "exposé à une relation biaisée et partiale de la situation politique au Rwanda" avant de s'y rendre
Le Tribunal a par ailleurs retenu que l'accusé n'avait aucune position dans la politique rwandaise, qu'il n'avait pas "de poste D'autorité que ce soit au Rwanda ou à la RTLM, où il n'était qu'un "simple subordonné qui n'avait pas de responsabilité ou de prise de décision".
Le parquet, qui avait requis une peine de vingt ans D'emprisonnement, a trouvé dans la sentence "un encouragement pour les accusés qui seraient prêts à dire la vérité, à reconnaître leurs crimes, et à témoigner sur la tragédie rwandaise" selon le chef des poursuites, le tanzanien Mohamed Othman.
Georges Ruggiu, condamné jeudi à douze ans D'emprisonnement, a été arrêté le 23 juillet 1997 à Mombasa (Kenya) et transféré au centre de détention des Nations unies à Arusha. La période de détention provisoire sera déduite de la peine.
Georges Ruggiu est l'unique accusé non rwandais poursuivi par le TPIR. Il est également le premier accusé, dans l'histoire de la justice internationale, à être jugé par un tribunal international, sans être ressortissant du pays où les crimes ont été commis.
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