LE RWANDA SURPRIS ET EN COLERE SUITE A L’ACQUITTEMENT DE BAGAMBIKI PAR LE TPIR

Cyangugu, le 27 février 2004 (FH) – Le procureur général de la République rwandaise, Jean de Dieu Mucyo, a déclaré que l’acquittement mercredi par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) de l’ancien préfet de Cyangugu, est “inacceptable”. “C’est impossible, c’est impossible”, a répété Mucyo, réagissant à l’acquittement des chefs d’accusation de génocide et de crimes contre l’humanité de Bagambiki et de l’ancien ministre des Transports et communications, André Ntagerura.

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“Le procureur (du TPIR) doit absolument faire appel”, a-t-il ajouté.

“C’est une plaisanterie”, a surenchéri Adrienne Muhimpundu, membre du fond d’éducation des survivants, le FARG, à Cyangugu. “Si Bagambiki est libéré, ils n’ont qu’à tous les relâcher”.

Les juges de la troisième chambre de première instance du TPIR ont estimé que, bien que la preuve avait été fournie que « des attaques généralisées avaient été perpétrées contre la population tutsie de Cyangugu sur des bases ethniques », le procureur n’était pas parvenu à établir la responsabilité de Bagambiki, 55 ans, et de Ntagerura, 54 ans, dans celles-ci.

Ils ont en revanche déclaré coupable de génocide et de crimes contre l’humanité le troisième co-accusé dans ce procès, l’ancien commandant du camp militaire de Karambo, à Cyangugu, le lieutenant Samuel Imanishimwe. Ecopant de 27 ans de prison, Imanishimwe est le premier militaire à être condamné par le TPIR.

“Bagambiki ! Ca, c’est incroyable”, a réagi Faustin Ngabonziza, un chauffeur de taxi de Cyangugu, interrogé par Hirondelle sur l’acquittement de l’ ex-préfet. “Acquitter Ntagerura peut à la limite se comprendre. Je pense que ce jugement va échauffer les esprits au Rwanda”, a-t-il ajouté.

“Son nom (Bagambiki) a été mentionné à de nombreuses reprises dans des dépositions sur les massacres commis à Cyangugu, dans différents procès. Elles font toutes état de la présence de Bagambiki lors de ces massacres”, indique le procureur de Cyangugu, Emmanuel Mukunzi.

D’un autre côté, quelques-unes des personnes interrogées par Hirondelle dans les rues de Cyangugu disent respecter la décision du TPIR. “Je respecte la décision des juges. Ils savent ce qu’ils font”, déclare Ali Nzabonimpa, réparateur radio à Cyangugu. “Ils ont écouté les dépositions et ont délibéré en conséquence”.

“Je fait confiance à la sagesse des juges”, affirme pour sa part Damascent, un habitant de Cyangugu.

La plupart des personnes interrogées par Hirondelle ont beaucoup commenté l’acquittement de Bagambiki, peu celui de Ntagerura.

CE/GG/GF/FH (RW''0227A)