TOUT RESTE BLOQUE SUR LE PROBLEME DES TEMOINS

Kigali, le 27 juin 2002 (FH) – Le procureur du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, Carla del Ponte, en visite de travail au Rwanda, a rencontré jeudi le ministre rwandais de la justice, Jean de Dieu Mucyo, pour tenter de débloquer le dossier des témoins qui ne peuvent plus se rendre à Arusha depuis un certain temps. Au bout de plus d'une heure d'entretien, en présence de leurs assistants, les deux personnalités ont poursuivi leur rencontre en tête-à-tête, durant une quinzaine de minutes avant de recevoir la presse.

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Mme del Ponte a indiqué que le fait que les témoins n'apparaissent plus est un gros problème pour elle, car dans ces conditions les procès ne peuvent pas se poursuivre. "Cette discussion n'est pas nouvelle, elle date de plusieurs mois. Le ministre de la justice est très sensible aux témoins victimes comme je le suis moi-même. Malheureusement, nous n'avons pas encore réussi à trouver la solution idéale. J'estime, qu'avec toutes les parties concernées, il faut la trouver", a-t-elle ajouté.

Concernant les manifestations des associations des survivants du génocide contre le "mauvais fonctionnement du TPIR", organisées jeudi matin devant les bureaux du TPIR à Kigali, le procureur del Ponte a déclaré que "aux manifestations bien fondées, j'aurais bien aimé y participer. Y participer pour discuter avec les gens, car j'aime bien avoir le contact de la discussion".

Mme del Ponte a indiqué eu connaissance de la manifestation, après son arrivée à Kigali. Dans l'après-midi, elle a reçu les dirigeants du collectif Ibuka et de l'association des veuves du génocide, AVEGA, elle-même membre d'Ibuka. Elle leur a demandé de lui organiser, la prochaine fois, une rencontre avec les membres de ces associations. "Qu'ils puissent s'exprimer, qu'on puisse discuter, parce que probablement ils doivent aussi être informé de la manière dont ça se passe et des problèmes que nous avons, et parfois ce n'est pas facile de les résoudre".

A la question de savoir si le gouvernement était derrière les manifestations, alors que les doléances des associations des rescapés ressemblent à celles du gouvernement, le ministre de la justice, Jean de Dieu Mucyo, a catégoriquement répondu par la négative. "L'essentiel est de voir ce qui est dit par les manifestants. Avant de voir celui qui a parlé, qui a présenté ses doléances, regardons d'abord ce qui est dit et si cela est fondé ou pas", a déclaré le ministre.

Le ministre rwandais a indiqué avoir été d'accord avec le procureur du TPIR sur la nécessité d'une rencontre, "le plus tôt possible", des représentants de ces associations et du gouvernement rwandais, avec ceux du parquet, du greffe et des chambres du TPIR pour résoudre le problème du traitement et de la protection des témoins. "On aurait pu faire cette réunion maintenant puisque le procureur, le greffier, le gouvernement et les associations sont ici (à Kigali). Mais il manque le représentant des juges", a-t-il dit.

M. Mucyo a enfin indiqué que le procureur del Ponte avait exprimé le souhait que certains procès du TPIR puissent être organisés à Kigali, dès le mois d'octobre prochain. Pour sa part, Mme del Ponte a déclaré qu'elle "estime ce genre de procès extrêmement importants" et attendait toujours la réponse de la présidente du TPIR à sa requête.

WK/DO/FH (RW0627A)