AUCUNE AUTORITE RWANDAISE N'A RECU LE PROCUREUR DEL PONTE

Kigali, 8 Décembre 99 (FH) - Les médias gouvernementaux ont boycotté la visite de cinq jours du procureur général du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), qui s'est achevée mercredi à Kigali. Aucune autorité rwandaise n'a par ailleurs reçu Carla Del Ponte.

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Le Gouvernement rwandais a décidé de suspendre sa coopération avec le TPIR à la suite de la décision de la chambre d'appel de ce Tribunal international de relâcher Jean-Bosco Barayagwiza pour vice de procédure. Autoriser Carla Del Ponte à venir à Kigali ne signifiait nullement que la coopération avec le Rwanda avait repris, avaient précisé les autorités rwandaises. Cette coopération restera suspendue jusqu'à ce que le TPIR revienne sur sa décision concernant l'ancien haut fonctionnaire du ministère des affaires étrangères, considéré comme l'un des cerveaux du parti extrémiste hutu CDR (Coalition pour la Défense de la République) et l'un des fondateurs et idéologues de la radio de la haine RTLM (Radio Télévision Libre des Mille Collines).

Au cours d'une conférence de presse tenue au siège du TPIR à Kigali à l'issue de sa visite, le procureur général du TPIR a indiqué qu'elle "comprend le comportement du gouvernement rwandais. J'étais fâchée moi-même après la décision de la chambre d'appel du TPIR". Carla Del Ponte a estimé que les juges d'appel n'ont pas mis en balance les graves accusations contre Barayagwiza et les preuves les étayant avec les vices de procédure qu'ils ont pris en considération.

Elle espère que "la colère du gouvernement rwandais va passer, parce qu'il faut quand même après songer à la réalité des choses et à la collaboration qui est nécessaire pour qu'on puisse continuer nos enquêtes. J'estime que quand je reviendrai la prochaine fois je pourrai les rencontrer parce que j'ai beaucoup à discuter avec eux". Carla Del Ponte a indiqué qu'elle comptait revenir à Kigali vers la fin du mois de janvier prochain.

L'issue la meilleure, en ce qui concerne le cas Barayagwiza, a déclaré Carla Del Ponte, "ce serait celle d'accepter notre demande de révision de la décision de la chambre d'appel et donc de nous laisser faire ce procès et que Barayagwiza reste en détention". La seconde solution, si la chambre d'appel ne change pas sa décision, c'est qu'une autorité nationale s'occupe du cas Barayagwiza et que, avant qu'il sorte en liberté, il y ait un autre mandat d'arrêt national pour que quelqu'un, une cour pénale, puisse s'occuper de ce cas, a-t-elle ajouté.

Le procureur général du TPIR a affirmé qu'elle avait vu le dossier des preuves de l'enquête. "C'est un très bon dossier. Je regrette si je ne peux pas faire ce procès", a-t-elle conclu.

WK/PHD/FH (RW&1208B)