09.07.07 - TPIR/RUKUNDO - L’ABBE RUKUNDO DISCULPE PAR UN TEMOIN DES MASSACRES DU « CND »

 Arusha, 9 juillet 2007 (FH) - Un témoin a disculpé l’abbé Emmanuel Rukundo des massacres de Tutsis au lieu dit « CND », lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).  

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Emmanuel Rukundo, 48 ans, aumônier militaire en 1994, est accusé de génocide et crimes contre l’humanité commis au centre du Rwanda. Il plaide non coupable.   Le premier témoin de la défense l’a disculpé des massacres et d’enlèvements de Tutsis au lieu dit « CND » à Kabgayi.   Acronyme pour le Conseil national de développement (parlement sous l’ancien président Juvénal Habyarimana), le CND a abrité un bataillon de l’ancienne rébellion à dominante tutsie du Front patriotique rwandais (FPR) installé à Kigali fin 1993 à la suite de la signature d’un accord de paix avec le gouvernement.   Durant le génocide, la plupart des endroits où s’étaient réfugiés des Tutsis menacés avaient été baptisés « CND ».   A Kabgayi, c’est aux  bâtiments désaffectés d’une ancienne coopérative commerciale financée par la coopération suisse, la TRAFIPRO (Travail- Fidélité -Progrès), que l’on faisait allusion lorsque l’on parlait de « CND ».   Le procureur du TPIR accuse Rukundo de s’être rendu à plusieurs reprises notamment au « CND », entre avril et juillet 1994, « alors qu’il cherchait les Tutsis à tuer ».   Le témoin protégé « CNB », un Tutsi rescapé du « CND » a affirmé que l’abbé ne s’était jamais rendu à cet endroit durant les massacres. « Non. Il ne s’est jamais présenté au CND », a-t-il affirmé, péremptoire.   M.CNB, qui a perdu plusieurs membres de sa famille pendant le génocide dont son épouse, a expliqué à la Cour les raisons qui l’ont motivé à venir disculper le prêtre. « Je voulais parler de ce que j’ai vu et je voulais dire la vérité de ce que j’ai vécu», a-t-il dit, ajoutant qu’il avait accepté de témoigner sans contrainte ni promesse de récompense.   Le témoin, qui s’exprimait en sa langue maternelle le kinyarwanda, a balayé d’un revers de la main toutes les allégations du procureur notamment la présence de l’accusé au CND lors d’une visite du premier ministre Jean Kambanda. Ladite visite aurait été suivie par des massacres et des enlèvements de Tutsis.   M.CNB a indiqué que le premier ministre était effectivement venu au CND pendant les événements, accompagné uniquement de sa garde. Il a ajouté qu’aucune attaque n’avait eu lieu dans les jours qui ont suivi cette visite.   Jean Kambanda a été condamné à la prison à la vie par le TPIR après avoir plaidé coupable de génocide.   M. CNB a par ailleurs estimé qu’un témoin qui avait impliqué Rukundo dans l’enlèvement de Tutsis au CND avait raconté « des mensonges ».   La défense du prêtre a annoncé environ 42 témoins. L’avocate principale, Me Aicha Condé (France) a cependant déclaré que plusieurs témoins s’étaient désistés suite à l’arrestation au Rwanda d’un enquêteur de la défense, Me Léonidas Nshogoza.   «Chaque fois qu’il y a une ligne dans la presse sur l’arrestation de Nshogoza, il y a un témoin qui dit qu’il est malaisé de venir témoigner pour la défense de Rukundo », a regretté Me Condé.   Trois autres prêtres ont été inculpés par le TPIR.   AT/GF   © Agence Hirondelle