10.07.07 - TPIR/BUTARE - L’EX-MAIRE KANYABASHI IMPUISSANT PENDANT LE GENOCIDE (DEFENSE)

Arusha, 10 juillet 2007 (FH)-L’ex-maire Joseph Kanyabashi était « impuissant » pendant le génocide des Tutsis dont il est accusé devant le Tribunal pénal  international pour le Rwanda (TPIR), a plaidé mardi son avocat.  

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«Kanyabashi était impuissant », a déclaré l’avocat canadien Me Michel Marchand en introduisant les témoins à décharge qui comparaîtront en août.   Kanyabashi, 70 ans, était maire de Ngoma à Butare dans le sud du Rwanda en 1994. Il est accusé de massacres dans sa commune. Il plaide non coupable.     « Quel pouvoir avait le bourgmestre (maire) Kanyabashi qui n’a même pas pu empêcher la mort de ses proches ? D’autres autorités ont pu protéger des amis ou des proches de l’ethnie tutsie », a fait remarquer Me Marchand.   Le défenseur a nommé les membres de la belle-famille de l’accusé qui ont été tués à l’église de Ngoma ainsi que dans la commune voisine de Huye par des militaires accompagnés de civils.   Selon Me Marchand, le maire Kanyabashi « n’était plus qu’un figurant » face aux toutes puissantes « forces génocidaires ».   « Comment Monsieur Kanyabashi déjà qualifié, avant 94, de Kanyabatutsi (ami des Tutsis) pouvait-il empêcher les militaires, qui avaient décidé de se mettre au service du génocide, de massacrer les Tutsis qui avaient trouvé refuge en commune Ngoma. », s’est interrogée sa défense. « Ayant été un bourgmestre aimé de sa population durant vingt ans, il est normal que celle-ci le croyait capable d’enrayer le génocide », a poursuivi l’avocat.   « Malheureusement, ce dont il était capable en temps normal fut réduit à zéro à compter du moment où les forces génocidaires ont décidé de mater la ville de Butare qui avait jusque là résisté tant bien que mal à la folie meurtrière qui avait déjà atteint plusieurs préfectures et même certaines parties de la préfecture de Butare,» a-t-il expliqué.    Me Marchand a indiqué que Kanyabashi « est profondément marqué » par le génocide commis sur des milliers de ses administrés tutsis et la mort de Hutus opposés à ce génocide.   L’accusé entend  démontrer « qu’il n’a pas ordonné ni participé aux atrocités commises dans sa commune entre avril et juillet 1994 ».   La chambre a ordonné que Kanyabashi présente trente témoins. Il a fait appel et demandé l’ajout d’au moins quinze autres. La décision est encore attendue.   Kanyabashi « espère que les survivants pourront comprendre le cauchemar qu’il a vécu et son incapacité d’empêcher les forces du mal. Il a fait ce qu’il a pu dans les circonstances pour tenter d’empêcher les tueries et sauver des gens », a souligné sa défense. Arrêté le 28 juin 1995 en Belgique, Kanyabashi est jugé depuis le 12 juin 2001 avec cinq autres personnalités originaires de Butare. Il sera le cinquième accusé dans ce procès dit du groupe « Butare » à présenter sa défense. Après la déclaration liminaire de Me Marchand, les débats ont été ajournés jusqu’au 20 août. AT/GF © Agence Hirondelle