En costume sombre, d’une voix posée, s’exprimant en sa langue maternelle le kinyarwanda, Rugarambara, 48 ans, a déclaré admettre tous les faits qui lui sont reprochés. « J’ai compris l’acte d’accusation tel qu’il m’a été lu et je plaide coupable », a-t-il dit. « Je suis vraiment attristé par ce qui s’et passé », a-t-il poursuivi.
Rugambarara a reconnu l’extermination des Tutsis commis dans trois secteurs de sa commune en 1994 par ses subordonnés, sans qu’il prenne des mesures pour mener des enquêtes en vue de déférer les suspects devant les tribunaux.
Parmi ses subordonnés figuraient les conseillers de secteurs, les policiers communaux, les fonctionnaires locaux et des miliciens. « J’attendais avec impatience ce jour pour décharger ma conscience ternie par l’extermination qui a eu lieu dans ma commune lors du génocide », a-t-il indiqué.
Rugambarara a été maire de Bicumbi du 16 septembre 1993 au 20 avril 1994. Il a regretté qu’alors qu’il était en fonction « mes compatriotes tutsis ont été victimes d’une extermination humiliante ».
Il a exprimé sa contrition et après s’être incliné devant la mémoire des victimes, il a demandé « humblement pardon » notamment aux veuves et orphelins de sa commune.
« J’ai perdu mon humanité pendant ces jours marqués par l’horreur du génocide et des crimes contre l’humanité », a souligné Rugambarara. Il a espéré que ce plaidoyer lui permettra de « recouvrer une partie de sa dignité d’homme ».
Rugambarara a par ailleurs lancé un appel au président du Rwanda, Paul Kagame. « Je vous demande du fond de mon cœur d’intensifier le combat pour la réconciliation de tout le peuple rwandais pour que tous, Hutus, Tutsis et Twas, puissent vivre ensemble comme la rétine et la pupille de l’œil ».
La chambre présidée par le juge sri- lankais Joseph Asoka de Silva a accepté le plaidoyer de culpabilité de Rugambarara.
Une audience préalable au prononcé de la sentence au cours de laquelle la défense plaidera notamment les circonstances atténuantes a été fixée au 17 septembre.
L’accusé et le procureur ont proposé une peine comprise entre neuf et douze ans mais la décision est du ressort de la chambre.
Rugambarara a été arrêté en Ouganda le 11 août 2003 et transféré à Arusha deux jours plus tard. Il répondait auparavant de neuf chefs d’accusation de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre dont des actes de torture et des viols pour lesquels il avait plaidé non coupable le 15 août 2003.
Le repenti a déclaré avoir décidé de plaider coupable « de ma propre volonté et parce que ma conscience me l’a dicté ainsi ».
Rugarambara est le huitième accusé qui plaide coupable devant le TPIR depuis sa création en 1994.
AT/GF
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