Le procureur allègue que Rukundo, 48 ans, ordonné prêtre en juillet 1991, était « un extrémiste notoire » depuis sa jeunesse.
Le témoin, qui a étudié avec Rukundo au grand séminaire de Nyakibanda, a affirmé que cette allégation est fausse. « Non. Qui peut dire cela?. C’est non », a déclaré le témoin qui a déposé sous anonymat pour des raisons de sécurité. Il répondait aux questions de l’avocate du prêtre, Me Aicha Condé (France).
L’acte d’accusation indique qu’en octobre 1990, Rukundo, alors étudiant au Grand séminaire de Nyakibanda à Butare (sud), « a créé un groupe d’extrémistes aux fins de mobiliser des fonds pour soutenir les Forces armées rwandaises (FAR) dans leur lutte contre le FPR (rébellion à dominante tutsie). Il a juré à l’époque de prendre le maquis si le FPR gagnait la guerre.».
Le document ajoute que Rukundo « haïssait les Tutsis. Il se battait contre ses collègues tutsis du Petit séminaire de Kabgayi (centre) depuis 1973 environ». Il aurait par ailleurs déclaré que « le Grand séminaire de Nyakibanda était un fief tutsi et qu’il lui était difficile de vivre dans ce milieu comme Hutu et futur prêtre. »
Le témoin a rapporté que Rukundo était parmi les séminaristes qui vivaient en harmonie avec tout le monde, sans distinction d’ethnies.
Rukundo est devenu aumônier militaire, peu de temps après son ordination. Le procureur affirme que les aumôniers militaires étaient recrutés parmi les prêtres extrémistes.
Le témoin a indiqué qu’il connaissait tous les aumôniers militaires du pays et a donné les noms de certains d’entre eux.
« Personne ne vous dira que ces hommes étaient des extrémistes. Ils vivaient avec tout le monde sans regarder les ethnies comme la plupart des Rwandais le font malheureusement », s’est-il expliqué.
Arrêté en juillet 2001 en Suisse, Rukundo est accusé de massacres de Tutsis au centre du Rwanda. Il plaide non coupable. Son procès a commencé le 15 novembre 2006. Il cite des témoins à décharge depuis le 9 juillet.
AT/GF
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