Le témoin protégé à décharge «NYC », s’est inscrit en faux contre les allégations du procureur selon lesquelles Emmanuel Rukundo était politiquement engagé lorsqu’il était étudiant au Grand Séminaire de Nyakibanda (sud).
Rukundo, 48 ans, a été ordonné prêtre en juillet 1991. Il est devenu plus tard aumônier militaire.
Le témoin NYC a côtoyé Rukundo entre 1988 et 1991 à Nyakibanda.
Des témoins à charge ont affirmé qu’Emmanuel Rukundo, un Hutu, avait ouvertement pris fait et cause pour le gouvernement d’alors et avait régulièrement proféré des menaces contre les Tutsis après l’attaque du 1er octobre 1990 par des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR). Le FPR était à dominante tutsie.
Selon lesdits témoins, Rukundo aurait composé une chanson pour galvaniser les troupes gouvernementales après la mort du chef rebelle Fred Rwigema.
L’acte d’accusation stipule qu’alors à Nyakibanda, Rukundo, qui avait créé un groupe d’extrémistes aux fins de mobiliser des fonds pour soutenir l’armée, avait en plus juré « de prendre le maquis si le FPR gagnait la guerre. ».
Le témoin NYC, de son côté, a présenté l’accusé comme un étudiant modèle. « Quand je suis arrivé au Grand séminaire de Nyakibanda, j’ai trouvé M. Rukundo comme un type intelligent, pouvant me servir de modèle. Il était doué. Il était ouvert à tout le monde. ».
Le témoin a ajouté que l’accusé, un auteur compositeur de musique religieuse, n’avait jamais composé de chansons en l’honneur de l’armée.
Il a expliqué que lorsque les autorités politiques locales ont demandé au Grand Séminaire de se joindre à la population à l’occasion d’une marche de soutien à l’armée, Rukundo n’avait pas joué de rôle actif dans la manifestation.
« Emmanuel Rukundo comme les autres séminaristes, on était mêlé dans la population. Il ne s’est aucunement distingué dans cette marche », a dit le témoin. « Ni dans l’organisation, ni dans le déroulement, il n’a joué aucun rôle », a-t-il souligné.
Le témoin NYC a expliqué que le Grand Séminaire était du reste obligé de participer à cette marche pour éviter de se marginaliser et mettre ainsi en danger la vie des étudiants et professeurs.
Comme les témoins à décharge précédents, M.NYC a reconnu que Rukundo avait fait partie d’un groupe d’étudiants désignés par le recteur du Grand Séminaire pour collecter les fonds destinés à « l’effort de guerre » mais que sa mission consistait uniquement à enregistrer les contributions volontaires.
En procès depuis le 16 novembre 2006, Rukundo est accusé de massacres de Tutsis au centre du pays. Il plaide non coupable. Il présente des témoins à décharge depuis une semaine. C’est un des quatre prêtres accusés devant le TPIR.
AT/GF
© Agence Hirondelle