18.07.07 - TPIR/DETENUS - LE MANDAT DU TPIR A ETE « DETOURNE », SELON LES DETENUS

Arusha, 18 juillet 2007 (FH)-Plusieurs détenus ont accusé le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) de s’être «détourné » de son mandat en s’abstenant de poursuivre les anciens rebelles au pouvoir à Kigali.   

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Ces allégations sont contenues dans une lettre adressée aux chefs d’Etat ou de gouvernement des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU par 43 des 55 personnes détenues à Arusha, dont l’agence Hirondelle a reçu une copie mercredi.

 

Les signataires, « tout en condamnant sans réserve les tueries à large échelle qui ont endeuillé le Rwanda, tiennent à dénoncer la falsification de la vérité sur les causes réelles de cette tragédie et l'impunité assurée par le TPIR aux véritables planificateurs et déclencheurs de ce drame que sont les membres du Front Patriotique Rwandais (FPR) actuellement au pouvoir à Kigali. ».

 

Les détenus réitèrent une position plusieurs fois exprimée dans des correspondances à d’autres autorités, selon laquelle c’est l’attentat contre l’avion du président Habyarimana le 6 avril 1994 qui a déclenché le génocide, et accusent le FPR d’en être l’auteur. Les dirigeants du FPR l’ont toujours nié.

 

Ils affirment que le procureur a reçu mandat de poursuivre les deux parties en conflit en 1994 mais ne s’acquitte pas de ses obligations.

 

«Force est de constater, à la veille de la fermeture du TPIR, que contrairement à ce qui se fait au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), seuls les Hutu du Rwanda, du fait que ce sont des Hutus vaincus qui occupaient des postes de responsabilité ou d'autres rangs sociaux plus ou moins importants, ont été l'objet de poursuites devant ce Tribunal», écrivent les détenus.

 

« Cependant, beaucoup de personnes éprises de justice et d'équité ont dénoncé cette poursuite discriminatoire et partiale pratiquée au TPIR au détriment de la réconciliation du peuple rwandais», ajoutent-ils.

 

« Nous lançons ce cri d’alarme en vue de solliciter votre intervention pour inviter le Conseil de Sécurité de l'ONU à veiller a ce que le mandat assigné au TPIR soit scrupuleusement respecté et que le Tribunal remplisse sa mission de rendre justice conformément à son Statut, de combattre l'impunité et de contribuer à la réconciliation nationale », demandent-ils aux cinq chefs d’Etat et de gouvernement.

 

Le procureur du TPIR déclare qu’il poursuit l’évaluation des éléments recueillis au cours de ses enquêtes sur les crimes attribués au FPR et que le moment venu il annoncera ses conclusions.

 

Les cinq pays qui ont un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU sont les Etats unis, la Russie, la France, la Chine et la Grande Bretagne.

 

AT/GF

 

© Agence Hirondelle