19.07.07 - TPIR/KAREMERA - UN TEMOIN ENTENDU MALGRE DES ALLEGATIONS DE PARJURE

Arusha, 19 juillet 2007 (FH)-Un témoin à charge a été autorisé à déposer malgré des allégations de parjure jeudi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).  

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Préfet de Gitarama (centre du Rwanda) en 1994, Fidèle Uwizeye a été cité dans le procès de trois dirigeants de l’ex-parti au pouvoir accusés de génocide. C’est sa troisième déposition devant le TPIR.

 

Les accusés ont demandé à la chambre d’exclure son témoignage, sur la base de déclarations qu’il a faites devant le TPIR l’année dernière, les qualifiant de parjure.

 

Les accusés dans ce procès sont Matthieu Ngirumpatse, Edouard Karemera et Joseph Nzororera, respectivement président, vice-président et secrétaire général du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), le parti de l’ex-président Juvénal Habyarimana.

 

Ouvrant le feu, l’avocat de Nzirorera, Me Peter Robinson (Etats-Unis) a indiqué que Uwizeye avait, devant une chambre du TPIR, nié avoir été interviewé par un journaliste en 1994 en rapport avec les événements d’alors. Or, il est aujourd’hui avéré qu’il n’a pas dit la vérité.

 

« Le procureur sait que le témoin a commis un parjure et qu’il s’apprête à faire de même devant cette chambre », a plaidé Me Robinson.

 

« La présentation de témoignages contenant un parjure est un problème dans ce tribunal. Je pense que cela va affecter l’héritage de ce tribunal si l’on sait que les témoins venant du Rwanda font preuve de parjure », a allégué Me Robinson.

 

Prenant la parole à son tour, l’avocate de Karemera, Me Dior Diagne (Sénégal), a demandé à la chambre d'« interdire l’accès de ce témoin à ce prétoire parce que le parjure dont il a été l’auteur est tout à fait caractérisé ».

 

Pour sa part, l’avocat de Ngirumpatse, Me Frédéric Weyl (France) a regretté « la façon dont l’accusation nous propose et impose des témoins non crédibles ». Il a fait allusion notamment à « des déchus des droits civiques » qui, a-t-il dit, n’ont pas droit à la parole, « des témoins dont le procureur sait qu’ils ne disent pas la vérité ».

 

« La chambre se voit imposer des témoins dont la crédibilité est à l’évidence réduite à néant, une situation qui ne permet pas une bonne administration de la justice », a-t-il encore plaidé.

 

Le représentant du procureur, Don Webster (Etats-Unis) a, de son côté, déclaré que « les incohérences dans la déposition d’un témoin ne signifient pas nécessairement qu’il y a eu parjure ».

 

Les juges se sont retirés pour délibérer et ont décidé d’entendre le témoin.

 

Le siège présidé par le juge Dennis Byron (Saint-Kitts et Nevis) a estimé que « le point particulier sur lequel l’attention de la chambre a été attiré n’est pas essentiel par rapport au fonds de la déposition que devrait faire ce témoin ».

 

Les juges ont par ailleurs indiqué que « si ce témoin a, par le passé, fait une déposition entachée de parjure, cela ne veut pas dire que la déposition qu’il s’apprête à faire serait mensongère ».

 

« Nous allons entendre le témoin et nous apprécierons sa déposition à la lumière des autres dépositions », a conclu la chambre.

 

Uwizeye devrait témoigner sur les activités du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide dans la préfecture de Gitarama.

 

Le gouvernement s’était établi à Murambi près de Gitarama en avril 1994 fuyant l’avancée des rebelles du Front patriotique rwandais (FPR).

Selon Uwizeye, le gouvernement a incité au génocide dans sa préfecture. Les accusés, qui en étaient proches, plaident non coupable.

 

AT/GF

© Agence Hirondelle