UN TEMOIN MIS EN DOUTE POUR SES LIENS AVEC LE FPR

Arusha, 23 juillet 2007 (FH-TPIR/KAREMERA)-La défense a contesté la crédibilité d’un témoin à charge arguant de son appartenance au Front patriotique rwandais (FPR) au pouvoir à Kigali, lundi dans le procès de trois ex-politiciens en cours devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).  

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Le témoin, Fidèle Uwizeye, préfet de Gitarama (centre du Rwanda) en 1994 sous les couleurs du Mouvement démocratique républicain (MDR) aujourd’hui dissous, a adhéré au FPR en 2002.   Il a été cité par le procureur dans le procès des dirigeants de l’ancien parti présidentiel rwandais, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND).   Les accusés sont Matthieu Ngirumpatse, Edouard Karemera et Joseph Nzirorera, respectivement président, vice-président et secrétaire général du MNRD en 1994.   L’avocate de Karemera, Me Dior Diagne (Sénégal),  s’est interrogée sur les véritables motivations d’Uwizeye, se basant sur sa déclaration au procureur selon laquelle il a « comme mission de venir charger le gouvernement intérimaire.»   Des accusés étaient proches du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide des Tutsis en 1994. Karemera a même été nommé ministre de l’intérieur au mois de mai. Le gouvernement intérimaire a été vaincu militairement  le 4 juillet 1994 par le FPR.   « Je comprends enfin votre mission quand vous avouez que vous êtes membre du FPR », s’est exclamée Me Diagne en interpellant le témoin.   Fidèle Uwizeye a rétorqué  qu’il ne témoigne pas en qualité de membre du FPR. « J’étais une autorité à l’époque où le génocide a été commis. Je viens en tant que témoin oculaire. Je viens avec la mission de consoler les Rwandais qui ont été victimes de ces événements. Je ne viens ici en tant que membre du FPR », a-t-il dit.   Me Diagne s’est ensuite attardée sur les formalités d’adhésion au FPIR en particulier sur le serment que doit prêter le nouveau membre. « Si vous trahissez le FPR, l’épée doit vous transpercer », a relevé Me Diagne en citant un extrait de ce serment.   Le témoin a reconnu qu’il y a un pacte qui lie le membre à son parti et que « les traîtres » sont effectivement punis.   Fidèle  Uwizeye a néanmoins indiqué que l’adhérant ne s’engage pas à ne pas trahir le FPR en tant que tel mais bien sa ligne politique qu’il a définie comme « paix, unité et développement ».   L’avocate a demandé au témoin s’il n’attribuait au FPR la devise du MRND et il a répondu qu’il ne trouvait pas du tout étrange que les deux formations politiques aient des idéaux identiques.   Uwizeye, actuellement directeur du département des mines et de la géologie dans son pays, dépose dans ce procès depuis jeudi.   La défense dans son ensemble s’était opposée à son témoignage l’accusant d’avoir commis un parjure dans une autre affaire en cours devant le TPIR. Les juges l’ont cependant déboutée.   Le procès des ex-responsables du MRND a commencé en septembre 2005. Selon la chambre, il devrait déborder le mandat du TPIR qui s’achève en décembre 2008.   AT/GF © Agence Hirondelle