UN EX-PREFET AURAIT DEMANDE PARDON POUR AVOIR TEMOIGNE A DECHARGE (AVOCAT)

Arusha, 25 juillet 2007 (FH-TPIR/KAREMERA) - Un avocat a allégué mercredi qu’un ex-préfet cité par le procureur dans le procès de trois politiciens aurait demandé pardon aux autorités rwandaises pour avoir témoigné à décharge dans une affaire devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).  

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L’ancien préfet de Gitarama (centre du Rwanda), Fidèle Uwizeye, est à la barre depuis jeudi dernier. Antérieurement, il a été entendu dans le procès de quatre anciens ministres et  dans celui de l’ex-maire Jean-Paul Akayesu, un de ses subordonnés en 1994.   Me Frédéric Weyl (France), l’avocat de l’ex-président de l’ancien parti au pouvoir au Rwanda, Matthieu Ngirumpatse, un des accusés, a  suggéré que Uwizeye s’était « excusé » auprès du procureur général du Rwanda après avoir été témoin à décharge, en mars 1998, dans le procès Akayesu. Des excuses similaires auraient été également adressées au procureur adjoint du TPIR, selon Me Weyl.   Akayesu a été condamné à l’emprisonnement à vie par le TPIR et purge sa peine au Mali.   Fidèle Uwizeye a reconnu avoir contacté ces autorités, mais a nié que la raison était de leur demander pardon. « Lorsque je suis allé voir ces personnalités, c’était pour protester contre le comportement de l’avocat d’Akayesu et non pour demander pardon pour quoi que ce soit», a-t-il déclaré.   Fidèle Uwizeye a accusé l’ancien bâtonnier de Centrafrique, Me Nicolas Tiangaye, qui représentait Akayesu, « d’avoir usé de la ruse pour obtenir ma présence au tribunal ».   L’ancien préfet a affirmé qu’il était venu « sans savoir si j’étais témoin à décharge ou à charge ».   Deux mois après avoir témoigné en faveur d’Akayesu, Uwizeye a été arrêté et détenu pendant 21 mois au Rwanda. Se basant notamment sur un document d’Amnesty International, Me Weyl a plaidé que cette arrestation était liée à son témoignage dans l’affaire Akayesu.   Fidèle Uwizeye a répondu que même s’il avait, de son propre gré, évoqué ce témoignage au cours de son bref interrogatoire, les allégations contre lui avaient plutôt trait à « l’atteinte à la sûreté de l’Etat ».   Le témoin a expliqué que « des infiltrés » hutus étaient aux portes de la capitale et qu’il avait été suspecté par le pouvoir d’être de mèche avec eux. Il a indiqué que les enquêtes l’avaient innocenté.   Me Weyl a laissé entendre que Uwizeye avait plus tard refusé de comparaître à la demande de la défense de l’ancien ministre des finances, Emmanuel Ndindabahizi, condamné également à la prison à vie par le TPIR.   Selon Me Weyl, Uwizeye ne se serait pas présenté par crainte de représailles de la part du gouvernement rwandais.   Le témoin a répondu par la négative et a indiqué que la défense de l’ex-ministre n’avait pas respecté la procédure officielle.   « Si on m’avait demandé (officiellement) de témoigner dans ce procès, je serais venu témoigner allègrement », a-t-il dit, ajoutant que Ndindabahizi était son ami.   Me Weyl a par ailleurs tenté d’établir que Fidèle Uwizeye était venu témoigner à charge dans le présent dossier avec l’aval notamment de son ministre de tutelle. Le témoin a répliqué qu’en tant que fonctionnaire, il devait demander à son ministre l’autorisation de se déplacer, mais que s’il avait été en congé il s’en serait passé.   Uwizeye est directeur du département géologie et mines dans un ministère à Kigali.   Son interrogatoire par Me Weyl a été par moments marqué par une relative tension, l’avocat lui reprochant d’être « un témoin redoutable pour la défense. »   «Lorsqu’on vous pose des questions, vous apportez des affirmations intenables et lorsque vous êtes pris en tenailles, vous dites : je ne me souviens pas ». Le témoin a rétorqué qu’il répondait à toutes les questions de bonne foi.   Ngirumpatse est accusé Edouard Karemera et Joseph Nzirorera, respectivement vice président et secrétaire général de l’ancien parti au pouvoir au Rwanda. Leur procès a commencé en septembre 2005. Ils plaident non coupable de génocide et de crimes contre l’humanité.   AT/GF © Agence Hirondelle