LE PROCES DE CHARLES TAYLOR AJOURNE A JANVIER 2008

LA HAYE, 22 Août 2007 (FH - TSSL/TAYLOR) -  Le procès de Charles Taylor a de nouveau été reporté et ajourné au 7 janvier 2008 par les juges du tribunal spécial pour la Sierra Léone (TSSL).  

3 min 2Temps de lecture approximatif

Depuis son ouverture à La Haye le 4 juin, le procès de l’ancien président du Libéria court de reports en reports, illustrant l’impréparation du greffe dans cette affaire. Après avoir répudié ses avocats et boycotté l’ouverture de l’affaire, Charles Taylor bénéficie, depuis le 1er août, d’une nouvelle, et solide, équipe de défense.   Mais face à « la complexité » de l’affaire, aux 40 000 pages de pièces transmises par le procureur, Me Courtenay Griffiths a plaidé, sans opposition du parquet, un délai de quatre mois. Efficace, l’avocat du Barreau de Londres, d’origine jamaïcaine, a trouvé un accueil favorable des trois juges.   Les quatre mois accordés permettront à la défense d’analyser aussi plusieurs boites de documents, transmises à Monrovia par un interlocuteur dont l’avocat se refuse à révéler l’identité. « Une documentation qui vient des archives personnelles de l’accusé » explique-t-il simplement et dans laquelle « nous avons trouvé une lettre personnelle de l’ancien président [américain] Jimmy Carter à l’accusé », glisse l’avocat, en guise de simple exemple, argue-t-il. Une manière aussi de révéler ses premières cartes. Cette lettre prouve que Charles Taylor « était impliqué dans de nombreuses négociations de paix pour la Sierra Léone ».   Face à lui, la procureur, Brenda Hollis ne formule aucune opposition. Le report du procès à janvier prochain permettra aux juges de rendre une décision sur plusieurs requêtes toujours pendantes. La défense demande notamment que les 76 témoins directs des crimes ne soient pas conduits à la barre du tribunal. « Le procureur veut faire de l’émotionnel en faisant venir d’Afrique de l’Ouest des victimes du conflit » a asséné l’avocat lors d’une conférence de presse organisée suite à l’audience, mais « personne ne nie les actes horribles qui ont été commis pendant la guerre civile », qui a fait près de 150 000 morts en dix ans.   Maître Griffiths a proposé que le procureur ne fasse venir que les témoins susceptibles de dire « quels étaient les liens entre l’accusé et le RUF [Front révolutionnaire uni] et jusqu’à quel niveau ». La partie la plus difficile pour le procureur.   Depuis le Libéria voisin, Charles Taylor agissait par procuration. Ses alliés en Sierra Leone, les rebelles du Front révolutionnaire uni, dont il avait rencontré les leaders dans les camps militaires du président libyen Mouammar Kadhafi, lui permettant de prendre le contrôle du pays, pour s’emparer de ses richesses diamantifères selon le parquet. La défense a part ailleurs de nouveau évoqué la question du gel des avoirs et des interdictions de voyager émises par les Nations unies à l’encontre des anciens comparses de l’ancien chef de guerre.   Pour Me Griffiths, « beaucoup [de témoins] ont peur d’être visé s’ils sont associés au président ». « Aucune procédure n’a été engagée contre ces personnes » rappelle-t-il, dénonçant une décision arbitraire des Nations unies : « Nous ne connaissons pas les raisons pour lesquelles le Conseil de sécurité a pris ces mesures ». A Monrovia début août, la défense de Taylor a lancé des appels à la télévision et dans d’autres médias pour inviter les témoins potentiels à déposer en faveur de leur ancien président, à l’origine de l’une des guerres civiles les plus sanglantes d’Afrique de l’Ouest.   SM/PB/GF   © Agence Hirondelle