LE PROCUREUR MET RENZAHO DEVANT SES CONTRADICTIONS

Arusha, 3 septembre 2007 (FH .TPIR/RENZAHO ) - Tharcisse Renzaho, l’ancien préfet de la ville de Kigali, contre-interrogé par le procureur à la suite de son témoignage s’est fait mettre à plusieurs reprises face à ses contradictions devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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Témoignant pour sa propre défense, depuis le début de la semaine dernière il a expliqué à la chambre que son rôle était minime devant le chaos qui s’était instauré dans la capitale, et qu’il n’avait aucun moyen d’intervenir. A quoi Jonathan Moses, pour l’accusation, lui a rappelé qu’il avait jusqu’à la fin eu accès à la radio nationale pour lancer ses appels, et qu’il avait « travaillé de concert » avec ceux qui ont participé au génocide. « Votre histoire tombe en lambeaux et vous essayez d’en recoller les morceaux » lui a dit Moses lundi matin avant de finir son contre-interrogatoire commencé jeudi. Point par point, le procureur a repris les termes de l’accusation lui reprochant d’avoir couvert les massacres de civils dans la capitale, de n’avoir pas pourchassé les auteurs de viols et d’avoir laissé faire des pillages. Le procureur s’est notamment appuyé sur le témoignage de l’ancien premier ministre Jean Kambanda, déjà condamné par ce tribunal, qui a assuré que Renzaho, en poste depuis 1990, avait repris le contrôle de la ville à partir du 17 avril et avait été l’instigateur des massacres. « S’il avait eu le courage de rester au lieu de déménager vers Gitarama, il aurait pu parler » a dit Renzaho, pour qui Kambanda était « un membre de l’opposition qui a créé des problèmes ». Interrogé sur ses appels à la protection des biens et non des personnes, Renzaho répond : « mais ces biens appartenaient aux personnes persécutées !». Son rôle, explique l’ancien préfet qui était aussi officier, était minime en raison de l’état de guerre qui accaparait tous les gendarmes. Il était, dit-il, « face à une situation anarchique ou personne ne savait à qui parler». Un officier de l’Etat major avait été affecté à la préfecture pour effectuer des recrutements, rappelle le procureur. Renzaho, explique que ces recrutements « à la hâte » étaient destinés à reconstituer le bataillon des forces armées rwandaises détruit à 75% sur le Mont Kigali. Selon lui, « les militaires n’ont pas voulu mettre un frein à ce qui s’est passé ». « Je suis, dit-il, une des personnes qui soufre le plus de ce qui s’est passé au Rwanda. » PB/AT/GF © Agence Hirondelle