18.09.07 - TPIR/BUTARE - REYTJENS REVIENT AU TPIR A LA DEMANDE DE LA DEFENSE

Arusha, 18 septembre 2007 (FH) - Le professeur Filip Reyntjens, un historien belge spécialiste du Rwanda qui avait annoncé en 2005 son intention de ne plus collaborer avec le procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) tant qu’il n’aurait pas mis en cause des éléments du FPR, a commencé mardi à témoigner en faveur d’un accusé du TPIR.

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Ce témoignage pour la défense de Joseph Kanyabashi, l’ancien maire de Ngoma, devrait durer deux semaines. Kanyabashi est jugé avec cinq autres personnes dans le procès de Butare qui a commencé en juin 2001. Il plaide non coupable. Le témoignage de Reyntjens en était encore en début d’après midi, avant ajournement à mercredi, au débat sur les qualifications du témoin.

L’historien belge, témoin expert dans plusieurs procès du TPIR, auteur de plusieurs ouvrages sur le Rwanda et sur le génocide de 1994, avait le 11 janvier 2005 annoncé qu’il ne collaborerait plus avec les services du procureur tant qu’ils n’auraient mis en accusation des membres du Front patriotique rwandais (FPR), l’ex-rébellion, au pouvoir depuis dix ans à Kigali.

Dans une lettre adressée au procureur, il avait alors écrit que l’échec du TPIR à poursuivre ceux qui ont commis des crimes de guerre ou contre l’humanité équivalait à «reconnaître la justice des vainqueurs», et faisait courir au TPIR le risque de «devenir une partie du problème plutôt que de la solution».

Il avait alors rappelé que des enquêtes spéciales avaient rassemblé des «preuves concordantes de nombreux massacres commis par le FPR en 1994». Ces crimes, écrivait-il, «rentrent dans le cadre du mandat du TPIR, ils sont bien documentés, des témoignages et des preuves matérielles existent et l’identité des suspects du FPR est connue». En ne poursuivant pas le FPR, ajoutait l’historien, le TPIR manque à l’un de ses objectifs qui est de «contribuer à la réconciliation nationale, à la restauration et au maintien de la paix».

Dans un livre paru récemment, la porte parole de Carla Del Ponte, ancien procureur du TPIR affirme que ces enquêtes spéciales ont été abandonnées en 2003 sur pression des Etats-Unis. L’actuel procureur M. Hassan Jallow réplique, quand il est interrogé à ce sujet, que les résultats de ces enquêtes sont en cours d’examen.

PB/ER/GF
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