BIKINDI A CHANTE L’EGALITE ENTRE LES RWANDAIS (DEFENSE)

 Arusha, 26 septembre 2007 (FH - TPIR/BIKINDI) - Un témoin de la défense a affirmé, mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), que le musicien Simon Bikindi, accusé d’avoir incité au génocide des Tutsis à travers ses œuvres, chantait plutôt l’égalité entre les Rwandais.

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  Le témoin protégé « XBR »,  un Tutsi, était membre du ballet Imbonezamihigo animé par Bikindi dans les années 1980.   XBR faisait partie du groupe qui a joué la chanson « Twasereye ingoma ya cyami » (Nous avons dit adieu au régime féodal) à l’occasion du 25ème anniversaire de l’indépendance du Rwanda en 1987.   Le procureur du TPIR affirme qu’au moins trois des chansons de Bikindi, dont « Twasezereye ingoma ya cyami »,  étaient des composantes du plan de génocide.   L’accusation allègue que les oeuvres de Bikindi incitaient à la haine contre les Tutsis et invitaient les gens à les attaquer et à les tuer en raison de leur appartenance ethnique.   Le témoin, qui a chanté devant la chambre un morceau de «Twasezereye ingoma ya cyami », a affirmé que le message véhiculé dans la chanson était plutôt  que, 25 ans après l’indépendance, « le pays était en paix et que les Hutus, les Tutsis et les Twas étaient égaux ».   Le témoin a indiqué que le message était clair et que les membres du groupe n’ont pas eu besoin du concours de Bikindi pour en saisir la portée. « On comprenait le message. On ne faisait qu’exprimer le fait qu’on n'était plus dans ce régime monarchique pendant lequel beaucoup de gens avaient souffert », a expliqué XBR.   Entrant un peu plus dans la matière, le témoin a indiqué qu’une partie du texte se dit : « cher Rwandais, venez voir le Rwanda nouveau où les Hutus, les Tutsis et les Twas sont égaux. Le fouet, les travaux forcés ne sont plus. Nous répondons présents, jeunes et vieux, nous sommes près à ouvrer pour le développement du Rwanda »   Selon XBR, « le message reflétait la réalité du pays. Les Hutus, les Tutsis, les Twas étaient égaux ».   L’historiographie officielle rwandaise avant 1994 fait état de l’asservissement des Hutus par les Tutsis avant l’indépendance.   Le témoin a par ailleurs déclaré que Bikindi n’était pas un homme politique. Ses avocats affirment que sa seule passion était la musique.   Bikindi est représenté par Me Andreas O’Shea du barreau d’Angleterre et des pays de Galles et Me Jean de Dieu Momo du barreau du Cameroun.   En introduisant les témoins à décharge lundi, Me O’Shea a indiqué que les chansons de Bikindi réfèrent certes à un contexte historique mais que l’artiste n’était nullement un homme politiquement motivé. Arrêté aux Pays Bas en juillet 2001, Bikindi, 53 ans,  est jugé depuis le 18 septembre 2006. Le procureur a cité 17 témoins dans cette affaire. La défense en prévoit 42. Le dernier témoin à décharge devrait être entendu le 21 novembre.   AT/PB/GF   © Agence Hirondelle