05.10.07 - TPIR/RUKUNDO - L’ABBE EMMANUEL RUKUNDO TEMOIGNE POUR SA DEFENSE

 Arusha, 5 octobre 2007 (FH) - L’abbé Emmanuel Rukundo a commencé vendredi son témoignage pour sa propre défense devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui le juge pour génocide, assassinat et extermination, a constaté l’agence Hirondelle.  

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D’entrée de jeu, l’ancien aumônier militaire, 48 ans, s’est défendu d’être « un extrémiste notoire », haïssant les Tutsis dès son jeune âge. Sa famille, a-t-il expliqué, est issue des deux cotés.   Il a affirmé que depuis l’école primaire jusqu’à son ordination en juillet 1991, en passant par le séminaire, il a toujours eu de très bons amis parmi ses collègues tutsis.   Il a déclaré que l’attaque du Front patriotique rwandais (FPR) le 1er octobre 1990, alors qu’il était étudiant au Grand séminaire de Nyakibanda, dans le sud du pays, n’avait pas changé ses rapports avec ses amis tutsis de cet établissement catholique.   « J’ai maintenu les mêmes amitiés. Ils avaient leurs opinions (sur la guerre), j’avais les miennes. La divergence d’opinions est une chose normale », a témoigné le prêtre catholique.   Il a expliqué que pour lui, la guerre déclenchée par le FPR ne se justifiait pas alors qu’elle paraissait légitime pour les séminaristes tutsis.   Mais il a réfuté les allégations selon lesquelles le brillant compositeur qu’il était, ait jamais produit des chansons louant le courage et la bravoure des Forces armées rwandaises (FAR), l’armée gouvernementale de l’époque. « Mon répertoire ne comprenait que des champs liturgiques », a-t- il insisté au premier jour d’une déposition qui promet d’être longue, à cause notamment de ses nombreuses digressions.   Rukundo a affirmé qu’il avait été fasciné depuis son enfance par la prêtrise et qu’il avait été encouragé, en cela, par son père qui priait toujours pour qu’au moins un de ses enfants « se consacre à Dieu ».   Originaire de Gitarama, dans le centre du Rwanda, il est détenu avec deux autres prêtres catholiques, Athanase Seromba et Hormisdas Nsengimana.   Ce dernier est encore en procès comme Rukundo tandis que Seromba a été condamné à 15 ans de prison en première instance.   Le plus haut responsable ecclésiastique jamais arrêté par le TPIR, l’Evêque anglican, Samuel Musabyimana, est décédé en détention en 2003, avant l’ouverture de son procès.   Le pasteur adventiste Elisaphan Ntakirutimana, premier homme d’église jugé par le TPIR, est mort d’une longue maladie au début de l’année, quelques semaines seulement après avoir purgé sa peine de 10 ans de prison.   Basé à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, le TPIR a prononcé, à ce jour, 28 condamnations et 5 acquittements.   ER/PB/GF   © Agence Hirondelle