09.10.07 - TPIR/BIKINDI - LE BALLET DE BIKINDI NE TRAVAILLAIT PAS POUR LE MRND (TEMOIN)

  Arusha, 9 octobre 2007 (FH) - Le ballet rwandais Irindiro animé par Simon Bikindi, accusé d’incitation au génocide, ne travaillait pas pour le parti au pouvoir en 1994, a affirmé un témoin mardi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

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  Cité par la défense de l’artiste, qui présente des témoins depuis le 24 septembre dernier, le témoin protégé « GCH » était danseur dans ce ballet.   Le procureur allègue notamment que Bikindi interprétait ses compositions lors des rassemblements du parti présidentiel, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), y compris au profit de son aile jeunesse, les Interahamwe, fer de lance du génocide.   « Le ballet Irindiro était un ballet privé », a déclaré le témoin. «Il allait uniquement aux meetings auxquels il avait été invité » a-t-il expliqué.   « Tous les partis politiques pouvaient requérir ses services», moyennant paiement, a-t-il ajouté.   « Lorsque nous étions invités par d’autres partis politiques, nous y allions aussi. Le ballet Irindiro ne travaillait donc pas pour le MRND », a-t-il souligné.   Le témoin a donné l’exemple d’une sortie à Butamwa dans les faubourgs de Kigali sur invitation d’une petite formation politique, le PARERWA (Parti républicain au Rwanda).   GCH a par ailleurs indiqué que la politique ne constituait pas le principal intérêt du ballet. « La majorité de nos spectacles étaient ceux qui faisaient la promotion de la culture rwandaise et c’étaient des spectacles en salle », a-t-il dit.   Le témoin a reconnu une photographie sur laquelle il se trouvait, aux côtés d’autres membres du ballet, en costume traditionnel de danseur Intore (un spectacle mimant la guerre). Il portait un pagne blanc à la taille avec des brettelles faites d’une peau d’animal et la tête était couverte d’une crinière nouée avec des perles, a-t-il expliqué. Bikindi se présente aux audiences en costume traditionnel de danseur.   « La sélection d’une tenue quelconque était basée sur la nature du spectacle que nous allions présenter », a indiqué le témoin.   Il a rapporté qu’il était arrivé que, dans un meeting du MRND, les membres du ballet revêtent brièvement un costume aux couleurs du parti, le temps d’exécuter une chanson qu’ils avaient composé en son honneur.   Le siège, qui semble raffoler de la musique de Bikindi, l’a autorisé à en fredonner la mélodie. La chanson prônait la paix, l’unité et le développement des Rwandais.   Le témoin a indiqué que lorsque les membres du ballet participaient à un meeting politique, ils ne faisaient pas attention aux discours. « Nous étions occupés à préparer le numéro suivant », a-t-il dit. Le témoin a précisé que Bikindi ne s’éloignait pas du groupe lors des représentations, car c’était lui qui en assurait l'encadrement.   Le témoin a par ailleurs réfuté les allégations selon lesquelles, à la fin des meetings politiques, les membres du ballet se livraient à la chasse des partisans de l’opposition. «Une fois que nous avions fini notre denier numéro, nous partions. Il y avait des jeunes enfants et des veilles personnes dans le groupe qui avaient besoin de repos. Cela est un mensonge », a-t-il affirmé.   Le témoin a été détenu au Rwanda pendant six ans « sans dossier » judiciaire, a-t-il dit. Le procureur a suggéré qu’il était « un Interahamwe » pour le discréditer. Il l’a nié.   Arrêté aux Pays Bas en juillet 2001, Bikindi, 53 ans, est en procès depuis septembre 2006. Il est défendu par Me Andreas O’Shea (Grande Bretagne) et Me Jean de Dieu Momo (Cameroun).   La chambre qui le juge est présidée par la juge argentine Inés Monica de Roca, assistée de la Camerounaise Florence Rita Arrey et du Tchèque Robert Fremr.   AT/PB/GF   © Agence Hirondelle