10.10.07 - TPIR/KAREMERA - LES ACCUSES AURAIENT CAUTIONNE LES EXACTIONS DES INTERAHAMWE

  Arusha, 10 octobre 2007 (FH) - Le comité exécutif du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND) l'ancien parti unique devenu le parti présidentiel, aurait cautionné les violences et les massacres commis par les miliciens Interahamwe dans les années 1990, a affirmé un témoin mercredi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).  

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Le témoin protégé «AWD » a été cité par le procureur dans le procès « Karemera et consorts » qui concerne trois anciens dirigeants du MRND. Edouard Karemera était second vice président du MRND et ministre de l’intérieur dans le gouvernement intérimaire en place pendant le génocide des Tutsis en 1994. Il est jugé avec Mathieu Ngirumpatse et Joseph Nzirorera, respectivement président et secrétaire général du MRND en 1994.   Avec Ferdinand Kabagema, décédé, ils formaient le comité exécutif du MRND, l’organe directeur du parti.  Ancien ambassadeur du Rwanda en Suisse, Kabagema en était le premier vice président. « C’est le comité exécutif du MRND qui contrôlait les activités des Interahamwe », a déclaré le témoin, indiquant qu’il était membre de ce parti. Les Interahamwe sont considérés comme le fer de lance du génocide de 1994.   Le témoin a affirmé avoir attiré l’attention de Ngirumpatse notamment sur les assassinats et les pillages que commettaient les Interahamwe dans la ville de Kigali entre 1993 et 1994. L’intéressé lui aurait répondu qu’il n’avait pas le droit de s’en mêler.   AWD a rapporté qu’à un moment donné, Ngirumpatse l’aurait informé du projet de mise en place des « zones de sécurité » dans les quartiers, qui seraient contrôlées par des Interahamwe qui avaient reçu un entraînement militaire. « Il s’agissait de joindre les forces pour exterminer tous les Tutsis qui se trouvaient dans des familles de Kigali, sans difficulté », a-t-il souligné.   Le témoin a allégué que Karemera aurait assisté à cette entrevue qui aurait eu lieu au domicile de Ngirumpatse.   AWD a par ailleurs accusé Ngirumpatse d’avoir présidé un meeting de son parti à Kigali en janvier 1994 au cours duquel les Interahamwe auraient chanté qu’ils allaient exterminer les Tutsis.   Le contre-interrogatoire du témoin, qui s’annonce serré, a été reporté au 22 octobre.   La défense avait dénoncé la communication tardive de documents par le procureur, suggérant qu’il s’agissait d’un manque de respect envers la chambre. « La tolérance lui a ouvert toutes possibilités », s’est notamment plainte Me Chantal Hounkpatin (France), l’avocate principale de Ngirumpatse.   Ce procès a commencé le 19 septembre 2005. Le procureur devrait clôturer sa preuve en mars 2008.   AT/PB/GF   © Agence Hirondelle