19.10.07 - TPIR/SYNTHESE HEBDOMADAIRE - QUATRES PROCES, UNE ARRESTATION

  Arusha, 19 octobre 2007 (FH) - Quatre procès se sont poursuivis au cours de la semaine au Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui a par ailleurs obtenu l'arrestation d’un fugitif, l’ancien sous-préfet Dominique Ntawukuriryayo.

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  Recherché depuis novembre 2006, Ntawukuriryayo a été interpellé à Carcassonne dans le sud de la France, a annoncé Interpol. Quatorze personnes sont encore recherchées par le TPIR dans le cadre de son mandat.   Les procès qui se sont déroulés au cours de la semaine sont Militaires II, Gouvernement II, Rukundo et Simon Bikindi. Tous sont au stade de la présentation des témoins à décharge.   Militaires II, en cours depuis le 20 septembre 2004, concerne quatre officiers dont deux généraux. Le général Augustin Bizimungu était chef d’Etat-major de l’ancienne armée rwandaise et le général Augustin Ndindiliyimana, chef d’Etat-major de la gendarmerie.   Ils sont jugés avec deux responsables d’un bataillon d’élite qui était stationné dans la capitale, le major François-Xavier Nzuwonemeye et le capitaine Innocent Sagahutu.   Accusés de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, tous plaident non coupable. C’est le général Bizimungu qui présente actuellement sa défense. Les autres suivront.   L’un de ses témoins cette semaine a été le Père belge Léopold Greindl, qui a vécu au Rwanda pendant plus de dix ans. Il a côtoyé le général Bizimungu à Ruhengeri (nord du Rwanda) où le prêtre dirigeait un institut catholique d’enseignement supérieur. Bizimungu, de son côté, commandait les troupes qui opéraient dans cette zone.   Le témoignage du Père Greindl était centré sur la personnalité de l’accusé. Il l’a décrit comme un homme «d’un grand souci social » qui ne pratiquait pas la discrimination ethnique. Le procureur allègue qu’il haïssait les Tutsis.   La présentation des témoins à décharge du général Bizimungu a été parfois interrompue par les requêtes des colitigants. Me Christopher Black, l’avocat canadien du général Ndindiliyimana, a exigé une enquête sur le travail du bureau du procureur, alléguant qu’il agit sur injonction du gouvernement américain.   Me Black s’est basé sur un livre publié récemment par le porte-parole de l’ancien procureur Carla Del Ponte, affirmant que le TPIR avait abandonné des enquêtes sur les crimes de guerre attribués à l’ancienne rébellion rwandaise en 1994, sur pression de Washington.   Me Black a indiqué qu’il allait demander que l’auteur du livre, Florence Hartmann, soit cité comme témoin.   Antérieurement, le chef de l’équipe de la poursuite dans cette affaire, l’Ivoirien Alphonse Van, s’était adressé à la cour, déplorant les relations qui ont souvent été tendues entre la défense et l’accusation. Il a appelé à plus de courtoisie. L’affaire Gouverment II est en cours depuis le 6 novembre 2003. Elle concerne quatre anciens ministres du gouvernement intérimaire en place pendant le génocide. C’est le troisième d’entre eux, l’ancien ministre des affaires étrangères, Jérôme Bicamumpaka, qui présente sa défense.   Bicamumpaka est coaccusé avec ses anciens collègues Casimir Bizimungu (santé), Justin Mugenzi (commerce) et Prosper Mugiraneza (fonction publique). Seul Mugiraneza n’a pas encore cité des témoins pour sa défense.   Simon Bikindi est un musicien de renom jugé depuis le 18 septembre 2006 pour incitation au génocide à travers ses chansons. Cette semaine, il a notamment cité Frodouard Serugendo, un enquêteur de la défense. Ce dernier a fourni des documents tendant à donner un alibi à l’accusé. La semaine prochaine un linguiste appelé comme témoin-expert devrait intervenir avant que l'accusé lui même témoigne pour conclure la présentation de sa défense.   Emmanuel Rukundo, de son côté, est un prêtre catholique jugé depuis le 15 novembre 2006. En 1994, il était aumônier militaire. Il est accusé de massacres de Tutsis dans le centre du Rwanda. Il plaide non coupable. Trois autres prêtres ont été inculpés par le TPIR. Lui aussi termine la présentation des preuves de sa défense.   La semaine prochaine, cinq procès seront au rôle : Bikindi, Gouvernement II, Militaires II, Karemera et autres ainsi que Butare.   L’affaire Karemera et autres concerne trois anciens responsables de l’ex-parti au pouvoir, Butare, six accusés originaires de cette région du sud du pays, dont la seule femme détenue par le TPIR, l’ancienne ministre Pauline Nyiramasuhuko.   AT/PB/GF   © Agence Hirondelle