Quatre jours après le jugement, la journaliste qui était animatrice et productrice de programmes à Radio Rwanda en 1994, a pu regagner son domicile. Le 2 octobre 1996, elle avait été interpellée, accusée du meurtre d'un journaliste employé par le ministère de l'Agriculture et aussitôt conduite au cachot communal, où elle a été détenue jusqu’en décembre 2006. Elle a toujours nié les faits qui lui étaient reprochés, dénoncant un coup monté.
« Après onze années de prison pour rien, nous faisons le vœu que la journaliste puisse désormais reprendre une vie normale, en compagnie de sa fille, désormais adolescente », affirme le communiqué de RSF. "Cette douloureuse affaire doit être considérée comme close, maintenant que Tatiana Mukakibibi a été reconnue innocente des crimes dont on l’accusait », conclut l'organisation.
Le 6 novembre, après trois heures de délibération, la juridiction gacaca du secteur de Kimegeri, district de Ruhango, province du Sud, a acquitté Tatiana Mukakibibi des chefs d’inculpation de "génocide", "planification et participation au génocide" et "distribution d’armes" dans le secteur de Kimegeri, entre avril et juillet 1994. De nombreux témoins de la défense ont expliqué aux juges que la journaliste ne se trouvait pas sur les lieux lorsque la garde présidentielle avait distribué des armes ayant servi aux génocidaires. Ils l’ont exonérée de toute participation à des actes criminels, notamment de l’assassinat d’Eugène Bwanamudogo, qui réalisait des émissions pour le ministère de l’Agriculture.
ER/PB/GF
© Agence Hirondelle